La surélévation, un levier clé pour des villes plus durables
En 2025, la France fait face à une équation impossible : une crise du logement qui s’aggrave, des restrictions foncières renforcées par la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN) et une urgence climatique qui impose une réduction drastique des émissions de CO₂.
Construire en s’étalant n’est plus une option. Nos villes doivent se réinventer, en densifiant intelligemment, en optimisant l’espace existant et en réduisant la consommation énergétique des bâtiments.
La surélévation des bâtiments s’impose comme une alternative stratégique et bas carbone. Pourquoi artificialiser des sols vierges quand l’espace aérien urbain reste inexploité ?
Pourquoi détruire pour reconstruire, alors qu’il est possible d’ajouter des logements en réduisant jusqu’à 60 % l’empreinte carbone par rapport à une construction neuve ?
En surélevant les bâtiments, on ne se contente pas de densifier. On modernise le bâti existant, on améliore son efficacité énergétique et on participe à la lutte contre les îlots de chaleur urbains.
À Paris, 40 000 logements pourraient être créés sans toucher au moindre mètre carré de terre naturelle.
A lire : La surélévation des bâtiments : une solution durable face à la crise du logement
Mieux encore : une surélévation bien pensée réduit les déperditions thermiques de 30 %, améliore le DPE (gain moyen de deux classes) et favorise l’intégration d’énergies renouvelables comme le solaire.
Découvrez comment cette solution innovante redéfinit les codes de l’urbanisme durable et pourquoi elle s’impose déjà comme une alternative incontournable à la construction neuve.
À retenir : La surélévation d’immeubles en 5 points clés
- Un levier anti-artificialisation efficace : crée du logement sans toucher aux terres agricoles et aux espaces naturels, en répondant aux exigences de la loi ZAN.
- Une réduction massive de l’empreinte carbone : 340-600 kg CO2e/m² contre 850-1000 kg CO2e/m² pour une construction neuve, soit une baisse jusqu’à 60 %.
- Un boost énergétique pour le bâti existant : réduction des déperditions thermiques de 30 %, amélioration du DPE de 2 classes en moyenne, baisse des charges de chauffage.
- Une arme contre les îlots de chaleur urbains : toitures végétalisées, matériaux réfléchissants et ventilation naturelle pour rafraîchir les villes.
- Un modèle soutenu par les politiques publiques : MaPrimeRénov’ Copropriété, TVA réduite à 5,5 %, fonds d’aides territoriaux et intégration dans les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU).
Comment exploiter tout le potentiel écologique et énergétique de la surélévation ? Découvrez les leviers techniques et les projets exemplaires qui façonnent déjà les villes durables de demain.
Réduire l’artificialisation des sols et protéger la biodiversité
L’étalement urbain constitue l’une des principales causes de la destruction des espaces naturels et agricoles en France. Chaque année, 30 000 hectares de terres sont artificialisés, menaçant la biodiversité et fragmentant les écosystèmes.
Cette expansion non maîtrisée entraîne une augmentation des infrastructures routières, des besoins en ressources et une pression accrue sur les services publics.
Face à cette problématique, la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN) impose désormais aux collectivités de limiter drastiquement l’usage du foncier pour la construction.
Les municipalités doivent trouver des solutions pour continuer à créer du logement sans consommer de nouveaux terrains.
Comment la surélévation répond à cet enjeu ?
Plutôt que de s’étendre horizontalement, la surélévation d’immeubles optimise le potentiel des espaces déjà urbanisés.
En construisant en hauteur, elle permet d’augmenter l’offre de logements et d’équipements sans artificialiser de nouveaux sols.
| Problème | Solution apportée par la surélévation |
|---|---|
| Artificialisation des terres agricoles | Création de logements sans consommer de nouveaux sols |
| Étalement urbain et augmentation des infrastructures | Valorisation des infrastructures existantes (réseaux, transports, équipements publics) |
| Perte de biodiversité urbaine | Intégration de toits végétalisés et jardins suspendus, favorisant la biodiversité et réduisant l’empreinte écologique |
Grâce à cette approche, la surélévation ne se contente pas de répondre à la crise du logement : elle permet aussi de préserver les espaces naturels, limiter l’artificialisation et favoriser une densification urbaine durable.

Cas d’étude : Rennes Métropole, un modèle de densification urbaine
À Rennes, où la pression foncière est forte, la métropole a adopté un plan de densification intégrant la surélévation d’immeubles pour limiter l’expansion vers les zones périphériques. Cette stratégie vise à :
- Créer du logement sans consommer de nouveaux terrains
- Optimiser les infrastructures existantes (transports, réseaux d’énergie, assainissement)
- Préserver les espaces verts et agricoles autour de la ville
En favorisant la surélévation comme alternative à la construction neuve, Rennes Métropole démontre que densification et préservation de l’environnement peuvent aller de pair.

Réduire l’empreinte carbone et optimiser la performance énergétique
Un bilan carbone nettement meilleur que la construction neuve
Le secteur du bâtiment est l’un des principaux émetteurs de CO₂, représentant près de 40 % des émissions mondialesliées à l’énergie.
En France, chaque nouvelle construction génère en moyenne 850 à 1 000 kg CO₂e/m², principalement en raison de l’utilisation intensive du béton et du ciment, qui représentent 8 % des émissions mondiales de CO₂.
En comparaison, un projet de surélévation affiche une empreinte carbone nettement réduite :
| Type de construction | Émissions carbone (kg CO₂e/m²) | Réduction par rapport à une construction neuve |
|---|---|---|
| Construction neuve | 850 – 1 000 kg CO₂e/m² | – |
| Surélévation | 340 – 600 kg CO₂e/m² | Jusqu’à 60 % de réduction |
L’impact carbone plus faible des surélévations s’explique par plusieurs facteurs :
- Réutilisation des infrastructures existantes : pas de nouvelles fondations ni de réseaux à reconstruire.
- Moins de matériaux lourds : recours au bois, à l’acier léger et aux matériaux biosourcés au lieu du béton massif.
- Moins de transport de matériaux : réduction des besoins en acheminement, limitant les émissions liées aux engins de chantier.
En évitant l’artificialisation de nouveaux terrains et en limitant les émissions de CO₂, la surélévation s’impose comme une alternative plus vertueuse pour l’environnement.
A lire : Surélévation d’immeuble : comment surmonter les défis techniques majeurs
Un levier pour la rénovation thermique du bâti
En plus de réduire l’empreinte carbone liée à la construction, la surélévation améliore aussi l’efficacité énergétique des bâtiments existants.
En modernisant la structure et en intégrant des solutions techniques avancées, elle permet de réduire la consommation énergétique et d’optimiser le confort thermique des occupants.
| Action | Impact sur l’efficacité énergétique |
|---|---|
| Nouvelle toiture isolante | Réduction des pertes thermiques jusqu’à 30 % |
| Modernisation du système de chauffage | Baisse de la consommation énergétique des logements |
| Intégration de panneaux solaires | Production locale d’énergie renouvelable |
| Remplacement des fenêtres et isolation par l’extérieur | Amélioration du DPE, réduction des charges de chauffage |
Grâce à ces optimisations, les bâtiments surélevés atteignent des niveaux de performance énergétique bien supérieurs aux standards anciens, réduisant ainsi leur impact environnemental à long terme.
Exemple : Paris, un immeuble haussmannien rénové par la surélévation
À Paris, un immeuble haussmannien a bénéficié d’un projet de surélévation couplé à une rénovation thermique globale. Les résultats ont été significatifs :
- Gain de deux classes DPE (passage de D à B)
- Réduction de 25 % des charges énergétiques des copropriétaires
- Installation d’une toiture isolante et de panneaux solaires, générant une production locale d’énergie
Cet exemple illustre comment la surélévation d’immeubles peut être un catalyseur de la transition énergétique, en permettant aux bâtiments anciens d’atteindre des performances proches de celles du neuf, tout en limitant leur empreinte carbone.


La surélévation, un outil contre les îlots de chaleur urbains
Pourquoi les villes sont-elles plus chaudes ?
Les îlots de chaleur urbains (ICU) sont un phénomène où la température en ville est nettement plus élevée qu’en zone rurale environnante, principalement en raison de l’aménagement et des matériaux utilisés.
Dans certaines grandes métropoles, l’écart de température peut atteindre 5 à 10°C en été.
Plusieurs facteurs expliquent cette surchauffe :
- Les surfaces sombres et imperméables : Le béton et le bitume absorbent et stockent la chaleur du soleil au lieu de la réfléchir, augmentant la température ambiante.
- Le manque d’espaces verts et d’évapotranspiration : Les arbres et les plantes régulent naturellement la température par l’évapotranspiration, un phénomène largement absent des centres urbains denses.
- Une densité excessive et une mauvaise circulation de l’air : Les rues étroites et la forte concentration de bâtiments empêchent la dispersion de la chaleur et réduisent la ventilation naturelle.
Solutions intégrées grâce à la surélévation
La surélévation offre des leviers efficaces pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, en intégrant des solutions qui favorisent l’isolation thermique, la réflexion du rayonnement solaire et l’amélioration de la circulation d’air.
| Solution | Bénéfices environnementaux |
|---|---|
| Toitures végétalisées | Absorption de la chaleur, amélioration de la biodiversité urbaine, augmentation de l’évapotranspiration |
| Matériaux réfléchissants | Réduction de l’absorption de chaleur, baisse de la température des toits, diminution des besoins en climatisation |
| Optimisation de la circulation d’air | Création de flux d’air facilitant le rafraîchissement urbain, réduction des zones de chaleur stagnante |
Ces solutions permettent non seulement de réduire la température urbaine, mais aussi d’améliorer la qualité de l’air et de diminuer la consommation énergétique des bâtiments (moins de recours à la climatisation).
Cas d’étude : Lyon, un projet pilote de lutte contre les îlots de chaleur
À Lyon, un projet de surélévation d’immeuble couplé à des solutions bioclimatiques a démontré les bénéfices de cette approche :
- Un immeuble a été surélevé avec l’intégration d’une toiture végétalisée et de membranes réfléchissantes.
- Résultat : une réduction de 3°C de la température ambiante en été par rapport aux bâtiments environnants.
- Impact global : diminution des besoins en climatisation et amélioration du confort thermique des habitants.
Ce projet illustre comment la surélévation peut être un outil efficace de rafraîchissement urbain, tout en réduisant l’impact environnemental des constructions existantes.

Gestion durable des ressources et mobilité urbaine repensée
Matériaux et chantiers à faible impact environnemental
L’impact environnemental d’un projet de construction ne se limite pas à son utilisation énergétique. Les matériaux utilisés et les déchets générés sur le chantier sont aussi des éléments déterminants.
La surélévation permet de réduire ces impacts grâce à :
- L’utilisation de matériaux biosourcés comme le bois, le chanvre ou la laine de mouton, qui ont une empreinte carbone bien plus faible que le béton et l’acier.
- Une production de déchets de chantier réduite, grâce à la préfabrication en atelier de nombreux éléments de structure, ce qui optimise les ressources et diminue les nuisances.
| Matériau utilisé | Avantages écologiques |
|---|---|
| Bois | Matériau renouvelable, stockage du CO₂, légèreté idéale pour la surélévation |
| Chanvre | Isolation thermique et phonique performante, culture à faible impact environnemental |
| Laine de mouton | Alternative naturelle aux isolants synthétiques, régulation de l’humidité intérieure |
En limitant l’utilisation des matériaux les plus polluants et en favorisant les solutions durables, la surélévation participe activement à l’éco-construction et à l’économie circulaire du secteur du bâtiment.
Surélévation et mobilité durable
En plus de réduire l’empreinte environnementale du bâti, la surélévation d’immeubles contribue aussi à repenser la mobilité urbaine.
En créant de nouveaux logements au cœur des villes, elle permet de limiter l’usage de la voiture, de réduire la congestion routière et de préserver les espaces verts périurbains.
| Impact du logement sur la mobilité | Comment la surélévation améliore la situation ? |
|---|---|
| Logements éloignés des centres, augmentant les trajets en voiture | Création de logements en cœur de ville, limitation de l’usage de la voiture |
| Développement de zones périphériques mal desservies | Priorisation des sites déjà connectés aux réseaux de transports en commun |
| Bétonisation des périphéries et des parkings | Optimisation du foncier urbain sans artificialisation |
La densification par surélévation permet ainsi d’éviter la création de nouvelles infrastructures routières, tout en favorisant un modèle de ville plus compacte et moins dépendante de l’automobile.
Exemple : Nantes, un modèle d’intégration dans le PLU
La métropole de Nantes a intégré la surélévation dans son Plan Local d’Urbanisme (PLU) pour accompagner le développement urbain autour des gares et pôles multimodaux. Objectifs de cette stratégie :
- Densifier les quartiers proches des transports en commun pour limiter l’usage de la voiture.
- Encourager la construction de logements à proximité des pôles d’activité afin de réduire les trajets domicile-travail.
- Préserver les espaces naturels en périphérie, en évitant d’artificialiser de nouveaux terrains.
Cette politique montre comment la surélévation peut être un outil d’aménagement urbain durable, favorisant une mobilité plus verte tout en réduisant l’impact écologique des nouvelles constructions.
Une solution alignée avec les politiques publiques et les incitations financières
Un levier pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050
La loi Climat et Résilience impose aux collectivités de repenser leur urbanisme en réduisant l’artificialisation des sols et en améliorant la performance énergétique du bâti existant.
La surélévation des bâtiments s’inscrit pleinement dans cette dynamique en permettant de densifier les villes sans empiéter sur les espaces naturels et en optimisant l’efficacité énergétique des constructions existantes.
| Objectif climatique | Apport de la surélévation |
|---|---|
| Réduction de l’empreinte carbone du bâti | Limitation des nouvelles constructions énergivores et réduction des émissions de CO₂ |
| Lutte contre l’artificialisation des sols | Création de nouveaux logements sans consommer de terrains supplémentaires |
| Amélioration de l’efficacité énergétique | Rénovation thermique intégrée aux projets de surélévation |
En favorisant la surélévation dans leurs stratégies territoriales, les collectivités répondent aux exigences de sobriété foncière imposées par la réglementation tout en soutenant une croissance urbaine plus durable et plus vertueuse.
A lire : RE 2028 et RE 2031 : tout savoir sur les nouvelles normes
Des aides et subventions déjà en place
Plusieurs dispositifs financiers encouragent la surélévation en l’intégrant à des programmes de rénovation thermique.
Ces aides visent à réduire les coûts des travaux, à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et à accélérer la transition écologique du secteur immobilier.
| Dispositif | Objectif |
|---|---|
| MaPrimeRénov’ Copropriété | Financement des travaux d’isolation thermique et de rénovation globale pour les immeubles collectifs |
| TVA réduite à 5,5 % | Application aux travaux de rénovation thermique associés à une surélévation |
| Subventions locales | Aides territoriales spécifiques pour les projets de densification urbaine et d’amélioration énergétique |
L’intégration de la surélévation à ces dispositifs facilite l’accès aux financements pour les copropriétés et les promoteurs, rendant cette solution plus attractive sur le plan économique.
Exemple : Rennes Métropole, un modèle d’accompagnement financier
Rennes Métropole a mis en place un fonds d’aide spécifique pour encourager la surélévation couplée à la rénovation thermique. Ce dispositif permet aux copropriétés et aux bailleurs sociaux de :
- Bénéficier de subventions pour l’amélioration énergétique des bâtiments existants lors d’un projet de surélévation.
- Accélérer la densification urbaine tout en réduisant l’impact environnemental du parc immobilier.
- Encourager les initiatives locales en facilitant les démarches administratives et financières.
Ce type d’accompagnement montre comment la surélévation d’immeubles peut être intégrée aux stratégies urbaines et aux politiques publiques, en alliant développement économique, efficacité énergétique et préservation de l’environnement.
La surélévation d’immeuble, un accélérateur de la transition écologique en ville
La surélévation des bâtiments apparaît comme une réponse clé aux défis environnementaux et énergétiques des villes.
En optimisant l’espace existant, elle permet de densifier sans artificialiser, de réduire l’empreinte carbone du bâti et d’améliorer la performance énergétique des immeubles tout en les modernisant.
| Enjeu urbain | Bénéfices de la surélévation |
|---|---|
| Lutte contre l’étalement urbain | Création de logements sans artificialisation des sols, préservation des espaces naturels |
| Réduction des émissions carbone | Jusqu’à 60 % de CO₂ en moins par rapport à une construction neuve |
| Performance énergétique | Isolation améliorée, baisse des consommations de chauffage et intégration d’énergies renouvelables |
| Conformité aux objectifs climatiques | Alignement avec la loi Climat et Résilience, contribution à la neutralité carbone d’ici 2050 |
Adoptée dans des villes comme Paris, Lyon et Rennes, la surélévation s’impose progressivement comme un levier incontournable de l’urbanisme durable.
Son intégration aux politiques publiques et aux dispositifs de rénovation énergétique renforce son attractivité et accélère son déploiement.
L’avenir de la construction ne repose plus uniquement sur l’extension horizontale mais sur une meilleure exploitation du foncier aérien.
Pour accompagner cette transformation, des réglementations adaptées, des incitations financières et une planification urbaine cohérente seront essentielles.
Sources :
- La surélévation : Outil de rénovation globale des copropriétés – Guide pour les collectivités territoriales (ANAH)
- La surélévation, ou construire « la ville sur la ville » (FFB – Fédération française du bâtiment)
- Analyse de l’objectif zéro artificialisation nette (Ecole d’urbanisme de Paris)

Pierre Chatelot est rédacteur en chef de ConstructionDurable.net, média dédié à la construction écologique et à l’habitat bas carbone. Diplômé en Aménagement du Territoire (Paris 1 Sorbonne), il a travaillé plus de 10 ans dans l’immobilier et le logement social, notamment comme directeur du développement d’un promoteur (150 logements livrés).
Spécialiste des matériaux biosourcés, de l’habitat léger et des énergies renouvelables, il a publié plus de 100 articles, lus par 50 000 lecteurs.