Le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie en France et l’un des principaux émetteurs de CO₂, représentant 40 % de la consommation énergétique mondiale et 36 % des émissions européennes.
Face à l’urgence climatique et aux engagements internationaux, la réglementation évolue : après la RE 2020, place aux RE 2028 et RE 2031, qui imposent des critères plus stricts et accélèrent la transition vers une construction bas carbone.
D’ici 2031, l’objectif est clair :
- Réduire de 35 % l’empreinte carbone des bâtiments neufs par rapport à 2022.
- Imposer 50 % de matériaux biosourcés en 2028, puis une majorité obligatoire en 2031.
- Accélérer l’intégration des énergies renouvelables avec un seuil d’autoproduction minimale de 20 %.
- Généraliser les bâtiments à énergie positive (BEPOS) et adapter la conception aux aléas climatiques.
Mais cette transformation se heurte à plusieurs freins majeurs : coût des matériaux bas carbone, délais d’approvisionnement allongés, systèmes énergétiques encore perfectibles et complexification des calculs réglementaires.
Pourtant, les solutions existent : industrialisation des procédés, innovation dans la préfabrication bois-béton, optimisation des modèles énergétiques via l’intelligence artificielle.
Alors, comment ces normes vont-elles remodeler le marché ? Quels seront les impacts économiques pour les professionnels ? Comment anticiper ces nouvelles exigences ?
Cet article décrypte les évolutions majeures, les défis à surmonter et les innovations qui façonneront le bâtiment de demain.

À retenir
- Objectif des RE 2028 et RE 2031 : réduction massive de l’empreinte carbone et bascule vers une construction à énergie positive.
- Trois piliers clés : matériaux biosourcés, énergies renouvelables, conception bioclimatique.
- Surcoûts attendus : +8 à +15 % selon les typologies de bâtiments, mais un retour sur investissement optimiségrâce aux économies d’exploitation.
- Enjeux techniques : développement des bétons bas carbone, amélioration des isolants biosourcés, optimisation du stockage énergétique.
- Solutions émergentes : industrialisation des filières, préfabrication à grande échelle, construction modulaire, intelligence artificielle et réemploi des matériaux.
- Impact international : la France se positionne comme un leader avec des normes en avance sur l’Europe et un transfert de savoir-faire vers le Canada, l’Allemagne et la Scandinavie.
Les RE 2028 et 2031 ne sont pas qu’une contrainte : elles ouvrent la voie à un bâtiment plus durable, plus intelligent et plus résilient.
Pourquoi ces nouvelles normes ?
Le contexte environnemental
Le secteur du bâtiment est l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES), représentant près de 40 % de la consommation énergétique mondiale et 36 % des émissions de CO₂ en Europe.
En France, les bâtiments résidentiels et tertiaires sont responsables de 25 % des émissions nationales.
Malgré les efforts de réduction amorcés avec la RE 2020, le rythme du changement climatique impose une accélération des mesures pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Les défis climatiques imposent des objectifs intermédiaires concrets :
- 2030 : réduction de 55 % des émissions de GES par rapport à 1990 (objectif européen).
- 2028 : baisse de 35 % de l’impact carbone des bâtiments neufs par rapport à 2022.
- 2031 : seuil de réduction porté à 42 %, avec une généralisation des bâtiments à énergie positive et une interdiction progressive des matériaux fortement émissifs.
Pour y parvenir, trois leviers technologiques sont essentiels :
- Optimisation de la conception bioclimatique pour limiter les besoins en chauffage et climatisation.
- Développement massif des énergies renouvelables (solaire, géothermie, biomasse).
- Généralisation des matériaux bas carbone et biosourcés, incluant le béton bas carbone et le bois certifié PEFC.
Les RE 2028 et RE 2031 ne sont donc pas une simple évolution de la réglementation existante. Elles redéfinissent les critères de performance énergétique et environnementale pour structurer une filière plus résiliente et compétitive.
Bilan de la RE 2020
La Réglementation Environnementale 2020 (RE 2020) a marqué une rupture avec la RT 2012, en introduisant pour la première fois une approche carbone sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments.
Les premiers bilans montrent des avancées majeures, mais aussi des limites qui justifient l’introduction des RE 2028 et 2031.
| Critères | Avancées avec la RE 2020 | Limites et freins observés |
|---|---|---|
| Consommation énergétique | Baisse moyenne de 30 % des consommations en chauffage et refroidissement. | Seuils encore trop élevés pour atteindre la neutralité carbone. |
| Énergies renouvelables | Obligation d’intégrer une part d’ENR (photovoltaïque, PAC). | Pas de seuil minimal d’autoproduction énergétique. |
| Impact carbone des matériaux | Introduction de l’Ic Construction et première réglementation sur l’empreinte carbone. | Adoption trop lente des matériaux biosourcés et bas carbone. |
| Confort thermique | Meilleure prise en compte de l’inconfort estival (facteur DH). | Besoin d’une gestion thermique plus dynamique en période de canicule. |
Ces observations ont conduit à renforcer les exigences des nouvelles réglementations, notamment en imposant des seuils plus bas en consommation énergétique, en favorisant les matériaux biosourcés et en intégrant une gestion plus intelligente du confort thermique.
Alignement avec les engagements internationaux
Les RE 2028 et RE 2031 s’inscrivent dans une stratégie européenne plus large qui vise à rendre l’ensemble du parc immobilier neutre en carbone d’ici 2050.
La France anticipe certaines directives du Green Deal européen, notamment celles liées à la décarbonation des matériaux et à la production locale d’énergie renouvelable.
| Normes et engagements | Objectifs principaux | Comparaison avec la France |
|---|---|---|
| Green Deal européen | Réduction de 55 % des émissions de GES d’ici 2030. | Alignement avec les objectifs français, mais réglementation plus stricte sur le tertiaire dans certains pays. |
| Norme allemande (GEG 2023) | Forte incitation à l’usage des bâtiments passifs et ENR. | France plus avancée sur la prise en compte du cycle de vie des matériaux. |
| Normes scandinaves (Suède, Danemark) | Obligation d’utiliser 80 % de matériaux biosourcés et d’atteindre un bilan carbone négatif. | La France reste en retard sur l’usage systématique du bois dans la construction. |
| Stratégie canadienne (Toronto Green Standard) | Autonomie énergétique accrue et exigence sur l’intégration des ENR. | Approche similaire à la RE 2031 mais avec un meilleur soutien financier pour les promoteurs. |
L’objectif des RE 2028 et 2031 est donc double :
- Harmoniser la réglementation française avec les standards internationaux en renforçant les seuils environnementaux.
- Maintenir une compétitivité économique en anticipant les futures exigences européennes et en développant une filière nationale du bâtiment bas carbone.
Enfin, ces nouvelles normes renforcent la contribution de la France aux objectifs de l’Accord de Paris, qui impose une réduction des émissions mondiales sous les 1,5 °C de réchauffement d’ici la fin du siècle.
En imposant des seuils plus stricts dès 2028, la France vise à accélérer la transition énergétique et à positionner son industrie de la construction comme un leader européen et mondial du bas carbone.
Comparaison des critères entre la RE 2020, la RE 2028 et la RE 2031
Les RE 2028 et RE 2031 marquent une accélération des exigences environnementales et énergétiques par rapport à la RE 2020.
L’objectif est de renforcer la réduction de l’empreinte carbone, d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et d’imposer une conception plus durable et résiliente face au climat.
Évolution des exigences réglementaires
| Critère | RE 2020 | RE 2028 | RE 2031 |
|---|---|---|---|
| Ic Construction | -30 % vs 2012 | -35 % vs 2022 | -42 % vs 2022 |
| Consommation énergétique | ≤ 0 kWhEP/(m².an) | < 0 kWhEP/(m².an) | < -20 % kWhEP/(m².an) |
| Matériaux biosourcés | Encouragés | 50 % obligatoires | Majoritaires obligatoires |
| Énergies renouvelables | < 12 kWhef/m².an | ≥ 12 kWhef/m².an | ≥ 15 kWhef/m².an |
| Isolation thermique | R > 4 m².K/W | R > 4,5 m².K/W | R > 5 m².K/W |
| Qualité de l’air | Indice QAI requis | Gestion passive | Gestion dynamique |
| Adaptation climatique | Non définie | Obligatoire | Obligatoire |
Les principaux changements entre la RE 2020 et la RE 2028/2031 concernent :
- L’empreinte carbone des bâtiments : une réduction plus forte de l’Ic Construction et de l’Ic Énergie.
- L’obligation d’utiliser des matériaux biosourcés, qui passent d’un simple encouragement en 2020 à 50 % obligatoires en 2028 et majoritaires en 2031.
- Une exigence accrue en production d’énergie renouvelable, avec un seuil minimal d’autoproduction fixé à 12 kWhef/m².an en 2028 et 15 kWhef/m².an en 2031.
- Une amélioration de l’isolation thermique, avec une hausse du coefficient de résistance thermique (R), imposant l’usage de matériaux plus performants pour limiter les déperditions énergétiques.
- Une gestion plus stricte de la qualité de l’air intérieur, passant d’un indice obligatoire en 2020 à une gestion dynamique en 2031, intégrant des capteurs et des systèmes intelligents de ventilation.

Les indicateurs carbone : Ic Construction et Ic Énergie
Les RE 2028 et RE 2031 renforcent l’analyse du cycle de vie des bâtiments en durcissant les seuils des indicateurs carbone :
- Ic Construction : mesure l’empreinte carbone des matériaux sur tout le cycle de vie du bâtiment, de la production des matériaux à la démolition.
- La RE 2020 imposait une réduction de 30 % par rapport à 2012.
- La RE 2028 pousse cette réduction à 35 %, imposant plus de matériaux bas carbone comme le béton bas carbone, le bois et les isolants biosourcés.
- La RE 2031 fixe un seuil à -42 %, accélérant l’usage des matériaux de réemploi et de solutions constructives hybrides.
- Ic Énergie : indicateur mesurant les émissions liées à l’exploitation énergétique du bâtiment.
- Il devient plus exigeant en 2028, nécessitant une autoproduction énergétique minimale de 12 kWhef/m².an.
- En 2031, le seuil passe à 15 kWhef/m².an, imposant des solutions combinées (photovoltaïque, stockage, pompes à chaleur hybrides).
Ces nouvelles contraintes poussent les acteurs de la construction à repenser intégralement leur approche pour intégrer une logique d’économie circulaire et de sobriété énergétique dès la phase de conception.
Vers des bâtiments à énergie positive (BEPOS)
L’objectif des RE 2028 et RE 2031 est d’accélérer la transition vers des bâtiments à énergie positive, c’est-à-dire capables de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment.
Trois stratégies sont mises en avant :
- Réduction drastique des besoins énergétiques : meilleure isolation, conception bioclimatique, ventilation optimisée.
- Généralisation des énergies renouvelables : installation obligatoire de panneaux photovoltaïques, de pompes à chaleur haute efficacité et d’un stockage énergétique intelligent.
- Développement des réseaux intelligents (smart grids) pour améliorer l’autoconsommation et limiter les pertes énergétiques.
Les bâtiments neufs devront intégrer ces approches combinées dès leur conception sous peine de ne pas respecter les seuils réglementaires.
Confort et santé des occupants : une priorité renforcée
L’amélioration du confort thermique et de la qualité de l’air devient un critère clé des RE 2028 et 2031.
- Qualité de l’air
- La RE 2020 imposait un simple indicateur (Indice QAI), sans obligation de mise en œuvre de solutions précises.
- La RE 2028 introduit une gestion passive basée sur des principes bioclimatiques (ventilation naturelle, matériaux perspirants).
- La RE 2031 généralise une gestion dynamique intégrant des capteurs intelligents et des systèmes de renouvellement d’air automatisés.
- Gestion thermique adaptative
- La RE 2020 ne prenait pas assez en compte les périodes de canicule, créant des bâtiments performants en hiver mais inconfortables en été.
- La RE 2028 impose des stratégies d’atténuation passive (orientation, végétalisation, inertie thermique accrue).
- La RE 2031 prévoit une approche plus avancée, intégrant des solutions de rafraîchissement passif couplées à des systèmes de ventilation intelligente.
- Résilience climatique et adaptation aux conditions extrêmes
- Dès 2028, la prise en compte des aléas climatiques devient obligatoire.
- La RE 2031 impose des matériaux et conceptions spécifiques pour garantir une résistance accrue aux canicules, aux inondations et aux vagues de froid.
Les bâtiments devront ainsi anticiper les évolutions climatiques et intégrer des solutions adaptées aux nouvelles contraintes météorologiques dès leur phase de conception.
Un tournant majeur pour le secteur du bâtiment
Les RE 2028 et RE 2031 ne se contentent pas de renforcer les seuils de performance énergétique, elles imposent une transformation profonde de la manière dont les bâtiments sont conçus, construits et exploités.
Avec une réduction accrue de l’empreinte carbone, une meilleure gestion des ressources naturelles et une approche plus intelligente du confort thermique, ces nouvelles réglementations redéfinissent les standards de la construction durable en France.
Désormais, la question n’est plus “Comment respecter la réglementation ?”, mais “Comment construire plus durable, plus sain et plus résilient ?”.
Freins et résistances du secteur
Les RE 2028 et RE 2031 imposent une transformation profonde des pratiques constructives, mais leur mise en œuvre se heurte à plusieurs obstacles majeurs.
Les surcoûts, les difficultés d’approvisionnement en matériaux bas carbone, les incertitudes techniques et le manque de main-d’œuvre qualifiée freinent la transition vers un bâtiment plus durable et performant.
Obstacles économiques : des coûts initiaux élevés
L’un des principaux freins à l’application des nouvelles normes est le surcoût engendré par l’adoption de matériaux et de technologies bas carbone. Selon les estimations du secteur, l’impact sur les coûts de construction varie selon les typologies de bâtiments :
| Type de bâtiment | Surcoût estimé |
|---|---|
| Logement collectif | +8 à +10 % |
| Bureaux | +12 à +15 % |
| Équipements publics | +20 % |
Ces hausses sont principalement dues à :
- L’augmentation du prix des matériaux biosourcés, souvent 20 à 30 % plus chers que leurs équivalents conventionnels.
- Les surcoûts liés aux systèmes énergétiques : les pompes à chaleur et solutions solaires intégrées nécessitent un investissement initial plus élevé.
- La complexification des études d’ingénierie, qui allonge les délais de conception et augmente les coûts d’expertise.
Toutefois, ces investissements doivent être analysés en coût global.
À long terme, les bâtiments conformes aux RE 2028 et RE 2031 bénéficieront de réductions importantes des charges énergétiques, d’une valorisation immobilière accrue et d’un meilleur accès aux financements verts.
Défis d’approvisionnement : une filière sous tension
L’obligation d’intégrer 50 % de matériaux biosourcés dès 2028 et une majorité en 2031 pose un problème d’approvisionnement majeur. La filière française manque encore de capacités de production suffisantes pour répondre à la demande croissante.
| Défi | Impact sur le secteur |
|---|---|
| Pénurie de matériaux biosourcés | Délais d’approvisionnement allongés (de 3 à 8 mois pour le bois certifié PEFC). |
| Sous-capacité industrielle | Production insuffisante de béton bas carbone et d’isolants biosourcés. |
| Dépendance aux importations | Hausse des coûts et incertitudes sur la disponibilité des ressources. |
Le développement de nouvelles filières locales est essentiel pour éviter un basculement vers des matériaux importés qui annuleraient une partie du gain environnemental attendu.
L’État a d’ailleurs prévu un plan d’investissement de 500 millions d’euros pour moderniser les scieries et développer les matériaux de réemploi.
Incertitudes techniques : manque de références et complexification des études
Les innovations introduites par les RE 2028 et RE 2031 impliquent une adoption massive de nouvelles techniques constructives, mais celles-ci souffrent encore de lacunes réglementaires et assurantielles.
- Manque de données environnementales certifiées :
- Aujourd’hui, 57 % des matériaux biosourcés ne disposent pas encore de Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES).
- Les entreprises sont contraintes d’utiliser des valeurs par défaut pénalisantes dans leurs calculs de conformité.
- La base INIES doit être enrichie de plus de 300 nouvelles FDES d’ici 2027.
- Complexification des études d’ingénierie :
- La mise en conformité avec les nouveaux seuils carbone impose des simulations thermiques dynamiques plus poussées.
- L’utilisation de matériaux composites (béton-chanvre, ossature bois-béton) nécessite une expertise accrue sur la compatibilité des éléments.
- L’intégration des énergies renouvelables dans les modèles BIM demande des outils de calcul plus avancéset une coordination accrue entre les corps de métier.
Cette situation entraîne des délais supplémentaires et une hausse des coûts d’études, ce qui constitue un frein à l’adoption rapide des nouvelles réglementations.
Enjeux de formation : un manque criant de compétences
Pour atteindre les objectifs fixés par les RE 2028 et RE 2031, le secteur doit former massivement ses professionnels aux nouvelles méthodes de conception et de construction bas carbone.
| Besoin en formation | Problème actuel |
|---|---|
| 150 000 professionnels à former d’ici 2028 | L’offre actuelle de formation est insuffisante. |
| Métiers émergents | Spécialistes en construction hybride, experts en BEPOS. |
| Manque de formation initiale | Les cursus existants ne couvrent pas tous les nouveaux enjeux techniques. |
Plusieurs mesures doivent être mises en place pour accompagner cette transformation :
- Accélérer la mise en place de formations spécifiques en collaboration avec les écoles d’ingénieurs et les CFA.
- Créer des labels de certification professionnelle pour garantir un niveau de compétence adapté aux exigences des nouvelles normes.
- Encourager les entreprises à former leurs salariés via des dispositifs de soutien financier.
Le secteur du bâtiment doit ainsi anticiper cette montée en compétence, sous peine de manquer de main-d’œuvre qualifiée au moment de l’entrée en vigueur des réglementations.
Un défi économique et technique à relever
Les RE 2028 et RE 2031 imposent des changements structurels majeurs, mais leur mise en œuvre est freinée par quatre grandes résistances :
- Un surcoût initial qui inquiète les promoteurs et investisseurs, bien que compensé sur le long terme.
- Des difficultés d’approvisionnement en matériaux biosourcés, nécessitant un renforcement des filières industrielles françaises.
- Des incertitudes techniques et réglementaires qui ralentissent l’innovation et compliquent les démarches administratives.
- Un manque criant de formation et de main-d’œuvre qualifiée, qui pourrait freiner la transition du secteur si les professionnels ne montent pas en compétence rapidement.
Malgré ces freins, l’accélération de la construction bas carbone représente une opportunité stratégique pour l’industrie française, qui peut devenir un leader européen dans la transition énergétique du bâtiment.
Il s’agit désormais de lever ces blocages, grâce à une collaboration renforcée entre l’État, les industriels et les professionnels du secteur.
A lire : Quels sont les principaux défis liés à la RE 2028 pour les promoteurs immobiliers ?
Coût et financement des projets sous RE 2028/2031
Les nouvelles normes environnementales RE 2028 et RE 2031 imposent des investissements initiaux plus élevés, liés aux matériaux bas carbone, aux systèmes énergétiques performants et aux études techniques plus complexes.
Toutefois, ces coûts doivent être analysés en coût global, en intégrant les économies d’exploitation, la valorisation patrimoniale et les aides financières existantes.
Analyse des surcoûts
L’application des RE 2028 et RE 2031 entraîne une hausse des coûts de construction, qui varie selon le type de bâtiment et les technologies mises en œuvre.
| Poste budgétaire | Surcoût estimé | Facteurs explicatifs |
|---|---|---|
| Matériaux biosourcés et bas carbone | +15 à +30 % | Production encore limitée, filières en structuration |
| Systèmes énergétiques (pompes à chaleur, panneaux solaires, stockage) | +5 à +12 % | Exigence accrue d’autoproduction et d’efficacité énergétique |
| Études d’ingénierie et simulations thermiques | +8 à +15 % | Complexification des analyses carbone et bioclimatiques |
| Main-d’œuvre spécialisée | +10 % | Besoin de formation aux nouvelles techniques constructives |
Avec la massification des technologies et l’optimisation des procédés de fabrication, une réduction progressive des surcoûts est attendue :
- 2025-2028 : Phase d’adaptation avec des prix encore élevés, pénalisant certains acteurs.
- 2028-2031 : Stabilisation des coûts grâce à la montée en puissance des filières industrielles et des techniques de préfabrication.
- 2031 et au-delà : Réduction des écarts de coûts grâce à l’industrialisation des matériaux bas carbone et aux économies d’échelle.
L’objectif des pouvoirs publics est d’accompagner cette transition avec des dispositifs financiers incitatifs permettant d’atténuer l’impact économique sur les entreprises et les maîtres d’ouvrage.

Dispositifs de soutien financier
Pour faciliter l’adoption des RE 2028 et RE 2031, plusieurs mécanismes d’aides publiques et d’incitations fiscales ont été mis en place ou sont en cours d’élaboration.
| Dispositif | Mise en œuvre | Impact sur les coûts |
|---|---|---|
| Programme national d’aide financière (PNABE) | Financement de projets exemplaires | Réduction de 10 à 15 % des coûts sur les opérations labellisées |
| Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) | Bonification pour l’usage de matériaux bas carbone | Subvention partielle des équipements énergétiques |
| TVA réduite sur les matériaux biosourcés (en projet) | Application d’un taux réduit à 5,5 % | Réduction du surcoût des isolants et des ossatures bois |
| Crédit d’impôt transition écologique (CITE) | Extension aux bâtiments neufs | Encouragement à l’intégration des ENR et des technologies passives |
Les aides sont principalement orientées vers les bâtiments tertiaires et résidentiels collectifs, afin d’accélérer la mise en conformité des grandes opérations.
Le soutien aux maîtres d’ouvrage publics est également renforcé pour compenser les +20 % de surcoût sur les équipements publics.
Ces dispositifs visent à compenser une partie des investissements initiaux et à encourager les professionnels à anticiper les évolutions réglementaires sans attendre les dates butoirs de 2028 et 2031.
Retour sur investissement
Si les coûts initiaux des bâtiments conformes aux RE 2028 et RE 2031 sont plus élevés, ils doivent être analysés dans une logique de rentabilité sur le cycle de vie.
- Réduction des charges d’exploitation
- Les bâtiments construits selon les nouvelles normes bénéficient d’une diminution des factures énergétiquesde 30 à 50 % grâce à leur meilleure efficacité thermique et énergétique.
- L’autoproduction obligatoire permet de réduire la dépendance aux fluctuations des prix de l’énergie.
- Valorisation immobilière
- Les bâtiments bas carbone prennent une valeur supérieure sur le marché immobilier.
- En logement collectif, les biens respectant la RE 2028 pourraient bénéficier d’une prime verte de +8 à 12 %sur leur prix de vente.
- Les bâtiments tertiaires conformes aux RE 2031 auront accès à des financements préférentiels, notamment via des Green Bonds et des prêts à taux réduit.
- Durabilité et coûts de maintenance réduits
- L’utilisation de matériaux durables et de technologies bas carbone permet de limiter les coûts de rénovation sur le long terme.
- Les bâtiments optimisés pour la résilience climatique nécessitent moins d’adaptations futures face aux nouvelles contraintes météorologiques.
| Avantage économique | Impact financier |
|---|---|
| Réduction des coûts énergétiques | -30 à -50 % sur les charges d’exploitation |
| Valorisation du bien immobilier | +8 à +12 % de prix de vente pour les logements neufs |
| Accès facilité au crédit | Financements verts et taux préférentiels |
| Coûts de maintenance réduits | Optimisation des matériaux et équipements sur 20-30 ans |
L’adoption des RE 2028 et RE 2031 doit ainsi être perçue non pas comme une contrainte financière, mais comme un levier de compétitivité et de durabilité pour l’ensemble du secteur de la construction.
Projets phares et solutions innovantes
Les RE 2028 et RE 2031 ne sont pas seulement des normes réglementaires ; elles s’appuient sur des projets pilotes qui servent d’exemples pour démontrer la faisabilité technique et économique de la construction bas carbone.
Plusieurs opérations en France illustrent les nouvelles approches constructives, combinant matériaux innovants, performance énergétique et durabilité.
Projets exemplaires en France
| Projet | Norme visée | Innovations majeures | Impact carbone |
|---|---|---|---|
| Siège Eiffage Picardie | RE 2028 | Mix béton-bois, ventilation double flux | 649,4 kgCO₂/m² |
| Résidence Wood Horizon (Strasbourg) | RE 2031 | Ossature bois CLT, béton de chanvre | 287 kgCO₂/m² |
| ZAC Fréquel-Fontarbie (Paris) | RE 2031 | Quartier durable, récupération et réutilisation des eaux | – |
| Village des Athlètes (Saint-Denis) | RE 2031 | Réversibilité urbaine, autonomie énergétique | – |
Ces projets permettent d’anticiper les exigences réglementaires en expérimentant de nouveaux procédés constructifset en intégrant des systèmes énergétiques avancés.
- Siège Eiffage Picardie
- Conçu selon les standards RE 2028, ce bâtiment R+2 associe béton bas carbone et ossature bois pour une empreinte carbone réduite.
- Son système de ventilation double flux avec récupération de chaleur optimise la consommation énergétique.
- L’analyse du coût global prévoit un retour sur investissement en 12 ans grâce aux économies d’exploitation.
- Résidence Wood Horizon (Strasbourg)
- Première résidence collective anticipant les seuils RE 2031 avec une ossature bois lamellé-croisé (CLT) et un béton de chanvre assurant une excellente isolation.
- Un système photovoltaïque et une gestion passive du confort thermique permettent une réduction significative de la consommation énergétique.
- Son Ic Construction est de 287 kgCO₂/m², soit 55 % inférieur à la RE 2020.
- ZAC Fréquel-Fontarbie (Paris)
- Ce projet intègre des bâtiments à haute performance énergétique, avec des solutions de gestion et de réutilisation des eaux pluviales.
- La conception favorise une mixité fonctionnelle, combinant logements, bureaux et espaces publics dans un environnement résilient au climat urbain.
- Village des Athlètes (Saint-Denis)
- Initialement conçu pour accueillir les Jeux Olympiques de 2024, ce projet sera converti en un quartier durable, respectant les critères de la RE 2031.
- L’architecture intègre des bâtiments modulables, conçus pour évoluer dans le temps, et un système énergétique combinant géothermie et panneaux solaires.
Solutions techniques émergentes
L’atteinte des objectifs des RE 2028 et RE 2031 repose sur des innovations structurelles et technologiques visant à réduire l’empreinte carbone des bâtiments tout en optimisant la rentabilité des projets.
- Préfabrication à grande échelle
- La généralisation des modules préfabriqués en usine permet de réduire les déchets de chantier et de limiter les temps de construction.
- Exemple : l’entreprise Woodeum développe des panneaux en bois lamellé-croisé (CLT) préfabriqués, réduisant le temps de construction de 30 % et l’impact carbone de 40 % par rapport aux méthodes traditionnelles.
- La préfabrication permet aussi une meilleure maîtrise des performances thermiques, garantissant une conformité optimisée aux nouvelles normes.
- Mixité des matériaux pour optimiser les performances
- L’alliance béton bas carbone et structures bois permet d’optimiser l’empreinte carbone tout en garantissant une solidité et une durabilité adaptées aux réglementations.
- Le béton de chanvre et les isolants biosourcés (paille, fibre de bois, ouate de cellulose) sont de plus en plus utilisés pour atteindre les seuils RE 2031.
- Le développement de bétons ultra-bas carbone (contenant des liants alternatifs au clinker) pourrait diviser par deux l’impact carbone des constructions d’ici 2030.
Ces solutions, combinées aux avancées technologiques en énergies renouvelables et stockage énergétique, définissent les nouveaux standards de la construction durable et rendent les exigences RE 2028 et RE 2031 atteignables dès aujourd’hui.
Inspirations internationales et comparatif des réglementations
Les RE 2028 et RE 2031 s’inscrivent dans une dynamique mondiale visant à décarboner la construction et améliorer la performance énergétique des bâtiments.
Plusieurs pays ont déjà mis en place des réglementations ambitieuses qui inspirent la transition française.
Comparatif des réglementations internationales
| Pays | Exemple emblématique | Particularité réglementaire | Objectif principal |
|---|---|---|---|
| Suède | Stockholm Royal Seaport | Quartier urbain conçu pour être zéro carbone | 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 |
| Allemagne | Norme Passivhaus | Exigence ultra-basse consommation sur l’enveloppe du bâtiment | Réduction de 75 % des besoins énergétiques |
| Canada | Toronto Green Standard | Intégration obligatoire des ENR dans le neuf | -50 % d’émissions d’ici 2030 |
Chaque pays adopte une approche spécifique en fonction de ses ressources énergétiques et de ses contraintes climatiques.
Analyse des stratégies internationales
- Suède : un modèle de quartier zéro carbone
- Stockholm Royal Seaport est un projet pilote visant une neutralité carbone totale grâce à une combinaison de bâtiments à énergie positive, réseaux de chaleur bas carbone et gestion avancée des déchets.
- La réglementation impose l’utilisation d’au moins 80 % de matériaux biosourcés, une norme encore plus ambitieuse que la RE 2031.
- Allemagne : l’approche ultra-performance du Passivhaus
- La norme Passivhaus, mise en place depuis les années 1990, repose sur une isolation renforcée, une étanchéité à l’air optimale et un contrôle strict des ponts thermiques.
- Résultat : une réduction de 75 % des besoins énergétiques par rapport à un bâtiment conventionnel, avec une empreinte carbone minimale.
- Contrairement à la RE 2028, la réglementation allemande n’intègre pas encore directement l’empreinte carbone des matériaux, ce qui représente une différence clé avec le cadre français.
- Canada : l’obligation d’intégrer les énergies renouvelables
- Le Toronto Green Standard impose aux nouvelles constructions d’atteindre des seuils de performance énergétique élevés tout en intégrant des systèmes de production d’énergie renouvelable.
- L’objectif est de réduire les émissions de 50 % d’ici 2030 en favorisant le solaire photovoltaïque et l’utilisation des pompes à chaleur dans tous les bâtiments neufs.
- Cette approche est similaire à la RE 2031, qui introduit un seuil minimal d’autoproduction énergétiquepour garantir une moindre dépendance aux énergies fossiles.
Quel positionnement pour la France ?
Avec les RE 2028 et RE 2031, la France se positionne parmi les pays les plus exigeants en matière de bilan carbone du bâtiment.
Sa réglementation est plus avancée que l’Allemagne sur l’empreinte des matériaux, et se rapproche du modèle suédois en intégrant une exigence croissante sur les matériaux biosourcés.
Toutefois, contrairement au Canada, l’obligation d’autoproduction énergétique reste limitée à des seuils relativement bas (12 à 15 kWhef/m².an), ce qui pourrait être renforcé dans les futures évolutions réglementaires.
L’un des enjeux clés pour la France sera d’industrialiser ses filières biosourcées et bas carbone afin d’atteindre ces objectifs sans pénaliser la compétitivité des acteurs du secteur.


Technologies et matériaux d’avenir
L’évolution des RE 2028 et RE 2031 impose une transformation des pratiques constructives, qui repose sur des matériaux innovants, des outils numériques avancés et une intégration renforcée de l’économie circulaire.
Ces innovations visent à réduire l’empreinte carbone des bâtiments, optimiser la durabilité des ouvrages et améliorer leur efficacité énergétique.
Matériaux révolutionnaires : vers une construction plus durable
L’atteinte des objectifs des nouvelles réglementations passe par le développement de matériaux bas carbone, intégrant des solutions biosourcées, recyclées ou à faible impact environnemental.
| Matériau | Propriétés et avantages | Applications |
|---|---|---|
| Béton auto-cicatrisant | Contient des bactéries activées par l’humidité, permettant de réparer les fissures automatiquement et d’augmenter la durabilité des structures. | Dalles, façades et structures porteuses. |
| Isolants biosourcés avancés | Matériaux issus de fibres naturelles (lin, chanvre, ouate de cellulose), offrant une excellente performance thermique et hygrométrique. | Murs, toitures et planchers. |
| Bétons bas carbone | Remplacement partiel du clinker par des liants alternatifs (argile calcinée, métakaolin, laitier de haut fourneau) pour une réduction de 40 à 60 % des émissions CO₂. | Infrastructure, fondations et éléments préfabriqués. |
| Matériaux à changement de phase (MCP) | Capables de stocker et restituer de la chaleur en fonction des variations de température, optimisant ainsi l’efficacité énergétique. | Parois, plafonds et systèmes de régulation thermique passive. |
Ces matériaux permettent d’améliorer la performance thermique et environnementale des bâtiments tout en garantissant une longévité accrue et une meilleure gestion de l’entretien.
Construction numérique et intelligence artificielle
L’intégration du numérique et de l’intelligence artificielle (IA) transforme la manière dont les bâtiments sont conçus, construits et exploités.
L’objectif est de réduire les erreurs de conception, d’optimiser l’empreinte carbone et de mieux anticiper les besoins en maintenance.
| Technologie | Bénéfices | Applications |
|---|---|---|
| BIM (Building Information Modeling) avec analyse carbone | Modélisation détaillée permettant de prédire l’impact environnemental des matériaux avant la construction. | Conception, suivi de chantier et gestion des performances énergétiques. |
| Maintenance prédictive avec IA | Analyse des données des bâtiments en temps réel pour anticiper les défaillances et optimiser la consommation énergétique. | Systèmes de chauffage, ventilation, climatisation et réseaux électriques. |
| Optimisation paramétrique des enveloppes | Utilisation d’algorithmes pour concevoir des bâtiments ultra-efficaces en fonction des conditions climatiques locales. | Conception de façades adaptatives et bioclimatiques. |
Grâce à ces innovations, la conception devient plus précise et plus durable, permettant d’optimiser l’efficacité énergétique et la maintenance des bâtiments tout au long de leur cycle de vie.
L’économie circulaire appliquée au bâtiment
L’une des évolutions majeures des RE 2028 et RE 2031 est l’intégration renforcée des principes de l’économie circulaire pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments en favorisant le réemploi des matériaux et la conception réversible.
| Approche circulaire | Avantages | Exemples d’application |
|---|---|---|
| Réemploi des matériaux | Réduction des déchets de chantier et limitation de l’extraction de ressources vierges. | Bois de récupération, briques et éléments de façade modulaires. |
| Conception pour le démontage | Permet de démonter et réutiliser les éléments d’un bâtiment plutôt que de les détruire. | Ossatures bois démontables, cloisons réutilisables. |
| Passeports matériaux et traçabilité | Création de bases de données permettant de suivre l’origine, la composition et la recyclabilité des matériaux. | Identification des matériaux réutilisables dans les futurs chantiers. |
La construction devient ainsi moins énergivore et plus flexible, permettant de prolonger la durée de vie des matériaux et de réduire l’impact carbone global des nouvelles constructions.
Vers une construction plus innovante et durable
L’adoption de matériaux de nouvelle génération, combinée à l’intelligence artificielle et aux principes de l’économie circulaire, marque une révolution pour le secteur du bâtiment.
Ces avancées permettent de répondre aux exigences des RE 2028 et RE 2031, tout en réduisant l’impact environnemental des constructions et en garantissant leur adaptabilité aux défis climatiques futurs.

Horizons de la construction durable : l’avenir des normes
Les RE 2028 et RE 2031 posent les bases d’un bâtiment plus durable et résilient, mais elles ne constituent qu’une étape intermédiaire vers des réglementations encore plus ambitieuses.
Après 2031, la construction devra aller au-delà de la neutralité carbone et adopter une approche régénérative, intégrant autonomie énergétique, économie circulaire et gestion optimisée de l’espace urbain.
Après 2031, quelles évolutions ?
| Enjeu futur | Objectifs et implications | Solutions envisagées |
|---|---|---|
| Vers des bâtiments 100 % autonomes en énergie | Réduction totale de la dépendance aux réseaux énergétiques. | Bâtiments producteurs d’énergie, stockage intersaisonnier, gestion intelligente des flux. |
| Intégration avancée de l’économie circulaire | Maximisation du réemploi des matériaux et réduction drastique des déchets de chantier. | Construction réversible, passeports matériaux, préfabrication évolutive. |
| Impact du “Zéro Artificialisation Nette” (ZAN) sur l’urbanisme | Limitation de l’étalement urbain et réhabilitation massive de l’existant. | Densification intelligente, surélévation, réaffectation des friches urbaines. |
Vers des bâtiments 100 % autonomes en énergie
D’ici 2040, les réglementations devraient imposer la production d’énergie locale et l’autosuffisance des bâtiments. Cela impliquera :
- L’intégration systématique de panneaux solaires à haut rendement et de solutions hybrides (photovoltaïque + thermique).
- Le développement de batteries de stockage longue durée et de systèmes basés sur l’hydrogène vert pour garantir une autonomie énergétique intersaisonnière.
- L’essor de bâtiments en réseau, où l’énergie produite en excès est redistribuée aux infrastructures voisines via des smart grids.
L’objectif final sera d’aboutir à un bilan énergétique neutre ou positif, supprimant la dépendance aux énergies fossiles et allégeant la charge sur les réseaux nationaux.
Une construction circulaire et réversible
L’économie circulaire deviendra une obligation réglementaire après 2031, avec une généralisation de :
- L’éco-conception des bâtiments pour qu’ils puissent être entièrement démontés et réutilisés en fin de vie.
- L’utilisation de matériaux issus du réemploi, avec des filières de recyclage plus industrialisées.
- Des incitations fiscales pour les projets réduisant à zéro leur empreinte matière.
Les prochaines normes intégreront également la notion de bâtiment évolutif, avec des structures modulaires permettant d’adapter les espaces au fil du temps sans démolition.
L’impact du “Zéro Artificialisation Nette” sur l’urbanisme
La loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette), qui impose de ne plus construire sur des espaces naturels d’ici 2050, va profondément remodeler les dynamiques urbaines. Cela signifie que :
- Les projets neufs seront de plus en plus rares, obligeant à intensifier la rénovation énergétique des bâtiments existants.
- L’urbanisme évoluera vers une densification verticale (surélévation, transformation des toits en espaces habitables) et la réhabilitation des friches industrielles.
- Les villes devront intégrer des infrastructures vertes pour compenser l’impact du bâti : toitures végétalisées, forêts urbaines, espaces de rétention des eaux pluviales.
En réponse à ces contraintes, les prochaines réglementations pourraient imposer un bilan territorial carbone, prenant en compte non seulement la performance des bâtiments, mais aussi leur impact sur l’écosystème urbain global.
Vers un urbanisme régénératif
Les évolutions post-2031 visent un modèle de construction qui ne se contente plus de limiter son impact, mais qui devient un acteur positif de la transition écologique.
À terme, les bâtiments ne seront plus simplement neutres en carbone, mais contribueront activement à la régénération des ressources naturelles et au bien-être des habitants.
L’avenir du secteur repose donc sur une synergie entre performance énergétique, réemploi des ressources et intelligence urbaine, transformant le bâtiment en un acteur clé de la résilience climatique.
RE 2028 et RE 2031, une révolution pour la construction durable
Les RE 2028 et RE 2031 ne sont pas de simples ajustements réglementaires.
Elles imposent une transformation radicale du secteur du bâtiment, intégrant des matériaux bas carbone, des énergies renouvelables et une approche bioclimatique avancée.
Plus qu’une contrainte, ces nouvelles normes représentent une opportunité : celle de bâtir des constructions plus performantes, plus économes en énergie et plus résilientes face aux défis climatiques.
Si leur mise en œuvre implique des surcoûts initiaux, les gains à long terme sont indéniables : réduction des charges énergétiques, valorisation immobilière accrue et diminution des coûts de maintenance.
De plus, l’essor des filières industrielles françaises du biosourcé et du réemploi pourrait renforcer la compétitivité du secteur, tout en garantissant son indépendance vis-à-vis des matériaux importés.
D’ici 2031, la transition vers des bâtiments à énergie positive et l’intégration systématique de l’économie circulaire marqueront une nouvelle ère pour la construction durable.
Toutefois, pour atteindre ces objectifs, les acteurs du bâtiment doivent anticiper dès aujourd’hui les exigences des RE 2028 et RE 2031, en innovant et en adaptant leurs pratiques.
Le succès de cette transition dépendra d’une collaboration entre les pouvoirs publics, les industriels et les professionnels du bâtiment.
À terme, ces normes contribueront à faire de la France un leader européen du bâtiment bas carbone, ouvrant la voie à un urbanisme plus intelligent, plus durable et mieux intégré à son environnement.
Sources et références
Ordre des Architectes – “RE2020 : de nouveaux seuils carbone en 2025, 2028 et 2031”
Ce site offre un aperçu des nouveaux seuils d’émissions carbone imposés par la RE 2020, différenciés selon la typologie de bâtiment (individuel ou collectif) et qui entreront en vigueur progressivement. Il souligne l’objectif de réduction de plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de la construction et l’importance de nouvelles méthodes d’analyse de cycle de vie. Lien
Xpair – “Les seuils carbone 2025 faciles à respecter par rapport à la RE2020 en logements collectifs”
Cet article discute de l’impact des seuils de la RE2020 sur les bâtiments collectifs, avec un focus sur l’indicateur Ic Énergie et Ic Construction. Il aborde les techniques et les solutions actuelles, comme les systèmes hybrides de pompes à chaleur et chaudières à gaz, qui sont déjà utilisées et peuvent être adaptées pour respecter les nouveaux seuils carbone. L’article souligne également l’évolution de la base INIES et l’importance des analyses de cycle de vie dans la réduction de l’impact carbone des bâtiments. Lien
Batirama – “Le calcul environnemental dans la RE2020”
L’article met en lumière le rôle crucial des calculs environnementaux dans la RE2020 et leur impact sur la transition vers les RE2025, RE2028 et RE2031. Il discute des changements dans l’évaluation de l’impact environnemental et de la manière dont ces nouvelles méthodes influenceront la conception des bâtiments futurs. Lien
Construction21 – “Logements collectifs : Analyse et enseignements de la RE2020 sur un panel de 10 opérations”
Cet article fournit une analyse approfondie de l’application de la RE2020 dans les logements collectifs et comment ces enseignements peuvent être appliqués aux futures normes RE2025, RE2028 et RE2031. Il présente des exemples concrets et des leçons tirées de projets réels. Lien
Ministère de la Transition Écologique – “Réglementation environnementale RE2020”
Ce site officiel décrit la RE2020 comme une évolution majeure de la réglementation thermique précédente, avec un accent mis sur la sobriété énergétique, la décarbonation de l’énergie, et la réduction de l’impact carbone. Il met en lumière la concertation de grande ampleur menée pour élaborer cette réglementation, impliquant divers acteurs du secteur de la construction. Lien

Pierre Chatelot est rédacteur en chef de ConstructionDurable.net, média dédié à la construction écologique et à l’habitat bas carbone. Diplômé en Aménagement du Territoire (Paris 1 Sorbonne), il a travaillé plus de 10 ans dans l’immobilier et le logement social, notamment comme directeur du développement d’un promoteur (150 logements livrés).
Spécialiste des matériaux biosourcés, de l’habitat léger et des énergies renouvelables, il a publié plus de 100 articles, lus par 50 000 lecteurs.