Le béton est-il encore compatible avec un futur bas carbone ?
En 2025, le béton reste le matériau le plus utilisé dans le monde… et le plus émissif : 7 % des émissions mondiales de CO₂ proviennent de sa fabrication.
Pourtant, la France vise la neutralité carbone d’ici 2050, avec des objectifs intermédiaires clairs : réduction de 49 % des émissions du bâtiment à horizon 2030 (SNBC 2), entrée en vigueur progressive de la RE2028, généralisation des analyses de cycle de vie dynamiques dans la conception des bâtiments.
Face à cette pression réglementaire et environnementale, le secteur du BTP doit réduire drastiquement son empreinte carbone.
Cela passe par des choix concrets : remplacer, associer ou réinventer les matériaux de construction. Et la question devient urgente : quels matériaux sont vraiment bas carbone ?
Dans cet article, nous comparons quatre alternatives majeures – béton bas carbone, bois, chanvre et paille – à travers 6 critères objectifs : empreinte carbone, isolation thermique, durabilité, facilité de mise en œuvre, coût et recyclabilité.
Ce comparatif s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et des objectifs fixés par la RE2020, qui obligent le secteur du bâtiment à réduire fortement ses émissions.
Il met en perspective les solutions disponibles, qu’il s’agisse de béton décarboné, de bois certifié, de chanvre isolant ou de paille, à la lumière des données fournies par l’ADEME et la base carbone, selon le type de projet, les contraintes locales et les performances attendues..
À retenir – Tableau comparatif express des 4 matériaux bas carbone
| Matériau | Empreinte carbone (ACV) | Isolation thermique (λ) | Mise en œuvre | Coût au m² estimé | Recyclabilité / Fin de vie |
|---|---|---|---|---|---|
| Béton bas carbone | 200–300 kgCO₂/m³ | 1,4 à 2 W/m·K | Standardisée | 80–150 € | Downcycling (granulats) |
| Bois | Jusqu’à -700 kgCO₂/m³ (stockage) | 0,12 à 0,15 W/m·K | Moyennement technique | 150–400 € | Très bonne (réemploi possible) |
| Chanvre | -80 à -120 kgCO₂/m³ | 0,038 à 0,045 W/m·K | Technique, non porteur | 100–180 € | Moyenne (broyage, compostage) |
| Paille | Proche de 0 (très faible) | 0,045 à 0,065 W/m·K | Technique / locale | 40–90 € | Excellente (biodégradable) |
En poursuivant la lecture, vous découvrirez les usages possibles, les innovations récentes, les enjeux réglementaires, les variations régionales et même les combinations gagnantes pour concevoir des bâtiments vraiment bas carbone, performants, et adaptés à votre territoire.

Construction bas carbone : cadre réglementaire et critères ACV
Un cadre réglementaire en mutation
Depuis 2022, la RE2020 impose une rupture méthodologique dans la conception des bâtiments. L’analyse de cycle de vie (ACV) devient dynamique et obligatoire, intégrant les émissions carbone sur 50 ans, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la déconstruction.
Deux indicateurs sont particulièrement scrutés : Ic énergie (émissions liées à l’énergie) et Ic construction (émissions liées aux matériaux et à la phase chantier).
La RE2028, déjà en préparation, prévoit un resserrement significatif des seuils carbone pour les logements collectifs et les bâtiments tertiaires, avec une généralisation du recours aux matériaux biosourcés, géosourcés ou recyclés.
Dans les faits, cela signifie que les matériaux à forte intensité carbone comme le béton conventionnel ne pourront plus être utilisés en structure principale sans compensation massive ou solutions mixtes.
Parallèlement, les labels environnementaux se multiplient, souvent en complément ou anticipation de la réglementation :
- BBCA (Bâtiment Bas Carbone) : met l’accent sur le stockage carbone et l’économie circulaire.
- E+C- : précurseur de la RE2020, encore utilisé comme référence dans certains appels d’offres.
- FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) : indispensables pour intégrer un matériau dans une ACV réglementaire.
- HQE (Haute Qualité Environnementale) : intègre une dimension plus globale (qualité de l’air, confort, gestion de l’eau).
Ces normes et labels structurent aujourd’hui l’évaluation technique et environnementale des matériaux de construction.
A lire : Isolation thermique d’été : -8°C intérieur avec ces 5 matériaux naturels bas carbone
Nos critères d’analyse croisée
Pour comparer objectivement le béton bas carbone, le bois, le chanvre et la paille, nous avons retenu six critères clés, tous ancrés dans les exigences réglementaires et les contraintes de chantier actuelles.
| Critère | Définition et enjeux principaux |
|---|---|
| Empreinte carbone (ACV) | Quantité totale de CO₂ émise sur le cycle de vie complet du matériau (extraction, production, transport, mise en œuvre, fin de vie). |
| Performance thermique | Capacité du matériau à limiter les transferts de chaleur : conductivité thermique (λ en W/m·K), inertie, capacité à réguler l’humidité. |
| Durabilité et résistance | Comportement du matériau sur 30 à 100 ans : résistance structurelle, aux intempéries, au feu, à l’humidité, aux attaques biologiques. |
| Facilité de mise en œuvre | Adaptabilité aux chantiers classiques ou alternatifs, besoin en main-d’œuvre qualifiée, compatibilité avec les normes et DTU. |
| Coût et disponibilité locale | Prix moyen observé au m² (pose incluse) et accessibilité en fonction des filières régionales et logistiques. |
| Recyclabilité et fin de vie | Possibilité de réemploi, valorisation, compostage ou intégration dans une filière de recyclage à faible impact. |
Chaque matériau sera analysé selon ces six dimensions, avec des données chiffrées issues des FDES, des retours d’expérience de terrain et des projets pilotes suivis dans le cadre de la RE2020.
Outils numériques utiles
L’évaluation environnementale des matériaux ne se fait plus “à l’œil”. Plusieurs outils numériques permettent aujourd’hui de modéliser, comparer et optimiser l’empreinte carbone d’un bâtiment, dès la phase d’esquisse :
- Elodie by CSTB : logiciel d’analyse de cycle de vie reconnu par les autorités françaises, intégrant les FDES et les indicateurs réglementaires de la RE2020.
- One Click LCA : plateforme internationale utilisée pour la conception bas carbone, les simulations de décarbonation et la gestion de projets certifiés.
- Karibati : base de données et outils spécialisés sur les matériaux biosourcés, utilisée dans les démarches de labellisation et les appels à projet innovants.
- Outils de calcul thermique dynamique (Pléiades, ULYS, TRNSYS…) : utiles pour évaluer les performances réelles du matériau dans un bâtiment en usage, en croisant inertie thermique, isolation, et conditions climatiques.
Ces outils sont devenus indispensables pour tout maître d’œuvre, architecte ou bureau d’études souhaitant intégrer le bilan carbone des matériaux dans la conception dès la phase APS ou PRO.

Béton bas carbone : modernisation d’un colosse
Innovations 2025
Le béton reste aujourd’hui la colonne vertébrale de la construction mondiale. Mais sa production est aussi l’une des plus émettrices : plus de 600 kg de CO₂ par mètre cube pour du béton Portland standard, essentiellement à cause de la cuisson du clinker et du transport.
En réponse, l’industrie accélère sa mutation, portée par l’urgence climatique et la pression réglementaire de la RE2020.
Parmi les innovations les plus avancées en 2025 :
- Le béton au verre recyclé, qui remplace une partie du sable ou du ciment par des granulats de verre, permet de réduire jusqu’à 40 % des émissions de CO₂ sur l’ensemble du cycle de vie. Cette solution est particulièrement adaptée aux zones urbaines où les déchets de chantier et le verre plat abondent.
- Les liants alternatifs, tels que le H-EVA (Hydraulically Enhanced Volcanic Ash) ou les géopolymères, permettent de se passer totalement de clinker. Leurs formulations à base de cendres volcaniques, de métakaolin ou de déchets industriels activés alcalinement abaissent drastiquement l’empreinte carbone tout en conservant de bonnes performances mécaniques.
- L’impression 3D béton avec granulats recyclés, en développement au MIT et dans plusieurs centres techniques européens, permet une réduction drastique des déchets de mise en œuvre et ouvre la voie à des structures optimisées, sans coffrage ni surconsommation de matériaux.
Ces innovations sont désormais validées sur des chantiers pilotes et commencent à être intégrées dans les DCE de projets publics sous maîtrise d’ouvrage exemplaire.
Performances et usages
Le béton bas carbone se distingue par sa forte résistance structurelle, sa robustesse et sa compatibilité avec les infrastructures et les habitudes du BTP traditionnel.
S’il n’est pas isolant à proprement parler, il conserve un avantage thermique en inertie, utile pour les bâtiments massifs ou en climat chaud.
Les performances moyennes observées sur les fiches FDES les plus récentes sont les suivantes :
- Émissions carbone (ACV complète) : entre 200 et 300 kgCO₂ par mètre cube, selon la formulation.
- Conductivité thermique (λ) : comprise entre 1,4 et 2 W/m·K, selon la densité.
- Résistance à la compression : de 25 à 60 MPa selon usage structurel (bâtiment, voirie, infrastructure).
Il est utilisé principalement pour les fondations, les dalles, les murs porteurs, les structures de planchers, et dans les ouvrages d’art ou grands projets publics.
Durabilité, limites et recyclabilité
Le béton bénéficie d’une durabilité éprouvée, pouvant atteindre 50 à 100 ans en usage courant, à condition d’être correctement armé et protégé des agressions externes. Il est donc parfaitement adapté aux ouvrages pérennes.
Ses limites résident dans sa recyclabilité limitée : si le béton peut être concassé et réutilisé sous forme de granulats, on parle ici de downcycling (perte de qualité et de performances).
Par ailleurs, la corrosion des armatures internes reste un enjeu crucial, en particulier dans les milieux humides ou salins.
Enfin, malgré les progrès, la fabrication des liants reste énergivore, et son empreinte carbone reste supérieure à celle des matériaux biosourcés.
Comparatif d’impact carbone : béton standard vs béton bas carbone vs béton au verre recyclé
| Type de béton | Émissions CO₂ (ACV complète) | Description synthétique |
|---|---|---|
| Béton Portland classique | 600–700 kgCO₂/m³ | Formulation à base de ciment CEM I, sans adjuvant bas carbone |
| Béton bas carbone (CEM III) | 200–300 kgCO₂/m³ | Substitution partielle par laitier, cendres volantes, ou filler calcaire |
| Béton au verre recyclé | 150–250 kgCO₂/m³ | Substitution partielle du ciment ou des granulats, valorisation locale du verre【29】 |
Ce tableau met en lumière les gains significatifs obtenus grâce aux formulations innovantes.
Mais il rappelle aussi que, malgré ses améliorations, le béton bas carbone reste plus émetteur que les matériaux biosourcés, d’où l’intérêt croissant pour les solutions hybrides et les conceptions mixtes.

Bois bas carbone : structure, stockage CO2 et longévité
Typologies : CLT, lamellé-collé, ossature bois
Le bois est l’un des rares matériaux de construction à bilan carbone négatif. Lorsqu’il est issu de forêts gérées durablement, il agit comme puits de carbone : chaque mètre cube de bois utilisé stocke en moyenne environ 0,9 tonne de CO₂, prélevé de l’atmosphère pendant la croissance de l’arbre.
En construction, trois grandes familles d’usage se distinguent :
- Le bois massif et l’ossature bois : utilisé en maisons individuelles, extensions, surélévations. Il offre légèreté, souplesse architecturale et rapidité de mise en œuvre.
- Le bois lamellé-collé : assemblage de lames collées pour obtenir des portées importantes. Apprécié dans les ERP, gymnases, charpentes apparentes.
- Le bois lamellé-croisé (CLT) : panneaux massifs croisés, adaptés aux bâtiments multi-étages. Ils permettent une préfabrication en atelier et une industrialisation croissante du bâtiment bois.
Tous ces systèmes s’intègrent dans des filières sèches, limitant les nuisances de chantier, et compatibles avec une modélisation numérique avancée (BIM).
Performances environnementales
L’argument carbone du bois est sans équivalent à ce jour dans le secteur de la construction. En plus de son stockage de CO₂, il offre d’excellentes performances thermiques et un très bon comportement hygrothermique.
| Indicateur | Valeur moyenne |
|---|---|
| Émissions CO₂ (ACV) | Jusqu’à –700 kgCO₂/m³ (stockage net) |
| Conductivité thermique λ | 0,12 à 0,15 W/m·K |
| Capacité thermique massique | 1600 à 2100 J/kg·K |
| Densité moyenne (pin, épicéa) | 450 à 550 kg/m³ |
Le bois régule naturellement l’humidité intérieure et participe à la qualité de l’air. Il présente une bonne inertie thermique en structure, mais demande une isolation complémentaire dans la plupart des zones climatiques françaises pour atteindre les exigences de la RE2020.
Durabilité, limites et conditions d’usage
Contrairement à certaines idées reçues, le bois correctement utilisé en structure est extrêmement durable. Des bâtiments à colombages vieux de plusieurs siècles en témoignent encore.
En architecture contemporaine, sa pérennité dépend de deux conditions clés : un traitement préventif adapté (thermique, fongicide, autoclave, ou naturel selon l’essence) et une conception bioclimatique assurant la protection contre les eaux stagnantes et les remontées capillaires.
Les principaux points de vigilance concernent :
- Les risques xylophages ou de pourriture, maîtrisables par le choix des essences (douglas, mélèze, chêne) et par le traitement adéquat.
- La réaction au feu, encadrée par des règles strictes (classement Euroclasse, surfaces critiques). Le bois épais brûle lentement et conserve ses propriétés mécaniques plus longtemps que certains aciers.
- Les tensions sur les filières locales, notamment dans les régions à forte demande (Landes, Massif Central, Vosges). La disponibilité du bois varie selon les essences et les débouchés industriels (construction vs emballage ou énergie).
Dans tous les cas, la traçabilité et la certification (PEFC, FSC, FDES) sont des critères à vérifier pour intégrer un matériau bois dans une démarche bas carbone exigeante.
Témoignage : “Le CLT a changé notre façon de concevoir”
Jean-Baptiste Lefèvre, architecte spécialisé en habitat passif (Rennes) :
“Quand nous avons commencé à travailler en bois lamellé-croisé, on a tout de suite vu le potentiel. La préfabrication hors site réduit les délais de chantier, et le confort thermique est bluffant. On a réalisé une école passive en CLT dans le Finistère : à 10 h du matin, les classes sont chauffées naturellement, même en hiver. C’est plus qu’un matériau, c’est une philosophie constructive.”

Chanvre : une ressource locale, isolante et régénérative
Matériaux dérivés : béton de chanvre, panneaux, mortiers
Le chanvre est l’un des matériaux biosourcés les plus prometteurs pour une construction réellement bas carbone. Il est issu de la culture de Cannabis sativa L., une plante annuelle cultivée sans intrants chimiques, qui capte environ 10 à 15 tonnes de CO₂ par hectare.
Sa transformation se fait localement, en limitant les transports et l’énergie grise.
En construction, la chènevotte (partie ligneuse de la tige) est utilisée dans plusieurs types de produits :
- Béton de chanvre : mélange de chènevotte, d’un liant à base de chaux hydraulique ou végétale, et d’eau. Utilisé comme remplissage isolant dans des parois à ossature bois.
- Panneaux préfabriqués : panneaux rigides composites (chanvre + fibres + liant biosourcé) utilisés pour l’isolation intérieure et extérieure.
- Enduits chanvre-chaux ou mortiers isolants : adaptés à la rénovation thermique de parois anciennes.
| Caractéristique | Valeur indicative |
|---|---|
| Conductivité thermique λ | 0,038 à 0,045 W/m·K |
| Densité apparente | 110 à 150 kg/m³ |
| Émissions carbone (ACV) | –80 à –120 kgCO₂/m³ (stockage + faible impact) |
| Origine géographique | France : Grand Est, Bretagne, Nouvelle-Aquitaine |
La culture du chanvre est peu consommatrice en eau, n’a pas besoin de traitements phytosanitaires, et permet des rotations courtes avec d’autres cultures agricoles. Elle participe à la régénération des sols, d’où son intérêt pour une construction écologique circulaire.
A lire : Quel isolant chanvre choisir ? Guide comparatif 2025
Avantages techniques
Le chanvre est un excellent isolant hygrothermique, capable de réguler naturellement l’humidité intérieure tout en offrant un bon confort d’été. Grâce à sa faible densité, il apporte une isolation performante sans ajouter de charge structurelle.
C’est pourquoi il est le plus souvent utilisé comme matériau de remplissage dans des structures bois.
Les formulations à base de chènevotte présentent une capacité d’amortissement des variations thermiques supérieure aux isolants classiques, ce qui permet de limiter l’usage de systèmes mécaniques de chauffage ou de climatisation.
Du point de vue réglementaire, le chanvre est compatible avec la RE2020, et plusieurs fiches FDES individuelles et collectives sont disponibles, notamment via Karibati ou INIES.
Il est également reconnu par les référentiels BBCA et HQE, et peut contribuer à l’obtention de points dans les appels à projet publics.
Durabilité et limites
Correctement mis en œuvre, le chanvre présente une bonne tenue dans le temps, équivalente à celle des isolants classiques.
Il ne se tasse pas, résiste aux moisissures, et régule naturellement l’humidité, à condition d’être protégé de l’eau liquide et posé dans les règles de l’art (DTU 26.1, règles professionnelles Construire en Chanvre).
Ses limites sont principalement d’ordre structurel et logistique :
- Non porteur, il doit toujours être intégré à une structure bois ou métal.
- Recyclabilité partielle : les mélanges chanvre-liant sont difficilement dissociables, bien que valorisables en remblais ou en compost selon les composants.
- Main-d’œuvre qualifiée nécessaire : la mise en œuvre demande une formation spécifique, en particulier pour le dosage, le coffrage et le séchage.
Dans les territoires disposant d’une filière chanvre active, ces contraintes sont largement compensées par l’attractivité environnementale et économique du matériau.

Paille : matériau bas carbone, local et low-tech
Méthodes constructives : GREB, ossature bois + bottes
Utiliser la paille comme matériau de construction n’a rien d’anecdotique ni de folklorique. C’est aujourd’hui une solution low-tech, locale et performante, encadrée par un corpus technique solide et reconnue par les assureurs.
La technique la plus répandue consiste à insérer des bottes de paille comprimée dans une ossature bois. Elles peuvent être porteuses, semi-porteuses ou non porteuses selon les cas. Deux méthodes dominent aujourd’hui en France :
- La technique GREB (Groupe de Recherche sur l’Écoconstruction du Québec) : une double ossature bois entre laquelle on place les bottes, recouvertes d’un enduit de finition (terre ou chaux).
- La technique du remplissage d’ossature bois : plus classique, elle s’intègre dans des chantiers mixtes ou dans des extensions légères.
Ces approches sont encadrées par les Règles professionnelles CP 2012, élaborées par le Réseau Français de la Construction Paille (RFCP).
Ce référentiel définit les conditions de mise en œuvre (type de bottes, taux d’humidité, densité minimale, traitements, enduits, etc.) et permet de monter des projets assurables en construction neuve comme en rénovation.
La paille est disponible dans toutes les régions céréalières de France, et sa mise en œuvre peut s’intégrer dans des chantiers participatifs ou des démarches d’autoconstruction encadrée.
Performances environnementales
La paille de blé (ou d’orge) est l’un des matériaux les moins transformés du marché : zéro cuisson, zéro chimie, et zéro transport longue distance si elle est sourcée localement.
C’est ce qui lui permet d’atteindre un bilan carbone quasiment neutre, voire positif, si l’on prend en compte la séquestration temporaire du carbone capté pendant la croissance du blé.
| Indicateur | Valeur indicative |
|---|---|
| Conductivité thermique λ | 0,045 à 0,065 W/m·K |
| Densité des bottes comprimées | 90 à 120 kg/m³ |
| Énergie grise | Très faible (moins de 50 kWh/m³) |
| Émissions carbone (ACV complète) | Quasi nulles (0 à –50 kgCO₂/m³ selon fiche FDES) |
Outre son isolation thermique correcte, la paille offre une forte capacité d’inertie hygrothermique, un bon comportement acoustique, et un confort d’été supérieur à celui des isolants minéraux à épaisseur égale.
Résistance dans le temps
Contrairement aux idées reçues, les bâtiments en paille peuvent atteindre une durée de vie de 50 à 100 ans, à condition que certaines règles fondamentales soient respectées :
- Les finitions doivent empêcher les infiltrations d’eau (pluie battante, remontées capillaires).
- Le traitement des points singuliers (pieds de mur, liaisons toiture, ouvertures) est essentiel pour éviter les ponts thermiques et les zones humides.
L’humidité est l’ennemi principal de la paille. Une vigilance particulière est donc requise sur la qualité des enduits, l’étanchéité à l’air et à la vapeur d’eau, ainsi que sur les choix de conception architecturale (débord de toit, soubassements, ventilation naturelle).
Les retours d’expérience de maisons en paille construites dans les années 2000 montrent une excellente tenue dans le temps, y compris dans des climats humides comme en Bretagne ou dans le Nord.
Étude de cas : une maison en paille autoconstruite en Bretagne
À Plélan-le-Grand, en Ille-et-Vilaine, Catherine et Étienne ont construit eux-mêmes leur maison en paille en 2018 avec l’aide de bénévoles formés par le RFCP. Ossature bois locale, bottes compressées fournies par une exploitation céréalière voisine, enduits terre et chaux… Le chantier a duré 9 mois.
“Aujourd’hui, on chauffe notre maison 80 m² avec un petit poêle à bois à 3 kW. Même en janvier, on dépasse rarement 15 € de chauffage. La paille est un matériau humble mais redoutablement efficace. Ce qui a demandé le plus de rigueur, ce sont les enduits et l’étanchéité. Mais une fois que c’est bien fait, c’est une maison qui respire et qui dure.”


Comparatif 2025 : béton, bois, chanvre ou paille ?
Pour faciliter la lecture et la comparaison directe, voici un tableau de synthèse croisée des performances techniques et environnementales des quatre matériaux analysés : béton bas carbone, bois, chanvre et paille.
Ce tableau s’appuie sur les données disponibles dans les FDES, les retours d’expérience de chantiers récents et les retombées des projets pilotes menés sous RE2020.
| Critère | Béton bas carbone | Bois | Chanvre | Paille |
|---|---|---|---|---|
| Émissions CO₂ (ACV) | 200–300 kgCO₂/m³ | –700 kgCO₂/m³ (stockage net) | –80 à –120 kgCO₂/m³ | Proche de 0 ou légèrement négatif |
| Conductivité thermique (λ) | 1,4 à 2 W/m·K | 0,12 à 0,15 W/m·K | 0,038 à 0,045 W/m·K | 0,045 à 0,065 W/m·K |
| Durabilité | Très bonne (structurelle) | Très bonne (avec traitement) | Bonne (non porteur) | Bonne à moyenne (sensible à l’humidité) |
| Mise en œuvre | Standardisée et maîtrisée | Modérée (nécessite précision) | Technique, main-d’œuvre formée | Technique / locale (souvent participative) |
| Coût indicatif au m² | 80–150 € | 150–400 € | 100–180 € | 40–90 € |
| Recyclabilité / fin de vie | Moyenne (downcycling) | Bonne (réemploi, démontage possible) | Moyenne (valorisation partielle) | Bonne (compostable, biodégradable) |
Ce tableau confirme que les matériaux biosourcés surpassent largement le béton sur les critères d’impact carbone, tout en restant compétitifs sur le plan thermique et économique, notamment pour la paille.
En revanche, le béton reste incontournable pour les usages structurels lourds, en particulier dans les grands projets publics ou les fondations d’immeubles collectifs.
Il faut donc raisonner en fonction des usages ciblés, des compétences mobilisables et des ressources locales pour choisir la combinaison la plus adaptée. La section suivante proposera des recommandations pratiques pour orienter ce choix selon différents types de projets.
Durabilité et tenue dans le temps des matériaux bas carbone : que restera-t-il dans 50 ans ?
La durabilité réelle d’un matériau ne se mesure pas uniquement en laboratoire, mais aussi à l’épreuve du temps, de l’usage, du climat et des aléas de chantier. Une construction durable ne l’est que si elle résiste sans dégrader ses performances ni nécessiter de maintenance lourde ou précoce.
Tous les matériaux étudiés ici peuvent atteindre une durée de vie supérieure à 50 ans, voire 100 ans, à condition que leur mise en œuvre soit conforme aux règles de l’art, et que les conditions d’exploitation (humidité, ventilation, entretien) soient maîtrisées.
Voici une synthèse comparative des comportements observés :
| Matériau | Durée de vie estimée | Facteurs de longévité | Vulnérabilités principales |
|---|---|---|---|
| Béton bas carbone | 50 à 100 ans | Résistance à la compression, stabilité structurelle | Corrosion des armatures si mauvaise étanchéité |
| Bois | 70 à 100 ans (et plus) | Traitement adapté, bonne ventilation, conception bioclimatique | Humidité stagnante, attaques xylophages |
| Chanvre | 30 à 70 ans | Bonne régulation hygrothermique, enduits respirants | Infiltration d’eau liquide, pose inadéquate |
| Paille | 50 à 100 ans | Enduits efficaces, débords de toiture, gestion de l’humidité | Points singuliers mal traités, étanchéité à l’air |
Le béton reste le matériau de référence pour les fondations et structures massives, en raison de sa résistance mécanique et de son inertie. Toutefois, la corrosion des armatures internes demeure une faiblesse structurelle importante, surtout dans les environnements humides ou salins.
Le bois, bien traité et protégé, affiche une très bonne tenue dans le temps, avec une réparabilité facilitée en cas de dégradation ponctuelle.
Des techniques éprouvées de bardage, de ventilation et de rupture de ponts capillaires permettent d’atteindre une longévité équivalente, voire supérieure, à celle du béton.
Le chanvre, bien que non structurel, conserve ses qualités isolantes plusieurs décennies, à condition d’être protégé des infiltrations. Sa durabilité dépend fortement de la qualité des enduits et de la stabilité de l’hygrométrie intérieure.
Quant à la paille, les retours sur des bâtiments construits depuis plus de 20 ans montrent une stabilité remarquable, à condition que l’ensemble des points sensibles (soubassements, protections, ventilation) aient été soigneusement traités.
Retours d’expérience : l’épreuve du temps en conditions réelles
- Maison en paille (2003, Ardèche) : 21 ans après sa construction, les parois n’ont montré ni tassement, ni moisissures, ni pertes thermiques. Les enduits terre-chaux d’origine sont toujours en place. Le test d’infiltrométrie réalisé en 2021 confirme une excellente étanchéité à l’air (0,3 m³/h·m² à 4 Pa).
- Bâtiment public en bois lamellé-collé (2001, Normandie) : aucune reprise de structure après deux décennies, malgré une forte exposition au vent et à la pluie. La seule maintenance a concerné le renouvellement des protections de façade tous les 10 ans.
- Maison béton bas carbone + ossature bois (2015, Île-de-France) : combinaison mixte qui montre une très bonne tenue dans le temps. Le retour d’expérience souligne l’importance d’un bon drainage des dalles et d’un traitement anti-corrosion performant pour les armatures.
Ces exemples confirment que la durabilité n’est pas liée à la nature du matériau, mais à la qualité de la conception, de la mise en œuvre et de l’entretien.

Filières régionales de matériaux bas carbone en France : ce que permet votre territoire
Le choix d’un matériau bas carbone ne peut pas se résumer à son impact global théorique. Il dépend aussi de sa provenance, de la distance de transport, de la filière disponible localement, et des compétences professionnelles présentes dans la région.
Les matériaux biosourcés, souvent perçus comme innovants ou alternatifs, sont en réalité profondément ancrés dans les territoires français, chacun avec ses spécificités agricoles, forestières ou industrielles.
Cette territorialisation permet non seulement de réduire les émissions liées au transport, mais aussi de soutenir l’économie circulaire régionale et de favoriser l’emploi local.
Voici une synthèse géographique de la répartition des grandes filières en France :
| Matériau | Régions françaises où les filières sont actives | Réseaux ou plateformes à consulter |
|---|---|---|
| Bois | Landes, Vosges, Jura, Massif central, Pyrénées | France Bois Forêt, PEFC, FIBOIS |
| Chanvre | Grand Est, Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine | InterChanvre, Construire en Chanvre, Karibati |
| Paille | Bassin parisien, Bretagne, Occitanie, Auvergne, Normandie | Réseau Français de la Construction Paille (RFCP) |
| Béton | Omniprésent, production locale possible via centrales à béton | SNBPE, UNPG, FIB (fédération industrie du béton) |
Le bois d’œuvre est une ressource abondante en France, mais la tension sur certaines essences (douglas, épicéa) ou sur les capacités de transformation locale peut limiter les volumes disponibles selon les saisons.
Dans certaines zones, le bois énergie entre en concurrence avec le bois construction.
Le chanvre, en plein essor depuis les années 2010, bénéficie d’un fort soutien institutionnel (ADEME, Région Grand Est) et d’une montée en compétence rapide des filières.
La Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine développent également des plateformes locales d’approvisionnement, souvent en lien avec des coopératives agricoles.
La paille, produite dans toutes les régions céréalières, est disponible en grande quantité et à bas coût. Son utilisation en construction suppose cependant une mise en balle normée, un taux d’humidité contrôlé, et un circuit logistique court.
Le béton, produit à l’échelle nationale dans des centrales réparties sur tout le territoire, reste largement disponible.
Toutefois, l’impact carbone du béton augmente avec la distance de transport, en particulier pour les liants alternatifs ou les granulats spécifiques, d’où l’importance de privilégier les formulations locales.
Pour localiser une filière ou identifier un professionnel engagé dans la construction bas carbone, les plateformes suivantes offrent des annuaires détaillés, des cartes interactives et des retours d’expérience :
- www.rfcp.fr – Carte des professionnels de la construction en paille
- www.interchanvre.org – Cartographie des producteurs et transformateurs de chanvre
- www.karibati.fr – Base de données des matériaux biosourcés et ressources techniques
- www.pefc-france.org – Localisation des forêts certifiées et scieries partenaires
Matériaux émergents et innovations dans la stratégie bas carbone
Combinaisons gagnantes
Aucune solution unique ne permet aujourd’hui de répondre à l’ensemble des exigences d’un bâtiment bas carbone : sobriété énergétique, durabilité, confort d’usage, compatibilité réglementaire, et facilité de mise en œuvre.
C’est pourquoi la tendance de fond en 2025 est à l’architecture plurimatière, où chaque composant joue un rôle complémentaire.
L’approche la plus répandue dans les projets performants repose sur une combinaison tripartite :
- Ossature bois : pour une structure légère, modulaire et bas carbone.
- Béton bas carbone : pour les fondations ou les dalles, apportant résistance, inertie et stabilité.
- Chanvre ou paille en remplissage : pour assurer l’isolation thermique et hygrothermique, avec un très faible impact environnemental.
Cette mixité permet d’adapter le projet au climat local, de valoriser les ressources disponibles à proximité, et d’optimiser l’impact carbone global du bâtiment, tant sur la phase de construction que d’exploitation.
Elle facilite également la réversibilité et la démontabilité des ouvrages, notamment lorsqu’une logique de préfabrication et d’économie circulaire est intégrée dès la conception.
Matériaux émergents à suivre
Au-delà des filières déjà opérationnelles, de nouveaux matériaux expérimentaux attirent l’attention des architectes, chercheurs et industriels. Certains sont encore en phase pilote, d’autres déjà mis en œuvre sur des prototypes ou des démonstrateurs.
| Matériau | Usage potentiel | Avantages principaux |
|---|---|---|
| Biocomposites à base d’algues | Façades, revêtements, panneaux | Ressource renouvelable, légère, biodégradable |
| Isolants et panneaux en mycélium | Isolation intérieure, blocs structurels légers | Compostable, auto-croissance, peu d’énergie grise |
| Matériaux à changement de phase biosourcés | Régulation thermique (murs, planchers, plafonds) | Stockage thermique passif, confort accru en été |
| Textiles recyclés (fils, fibres compactées) | Isolants, doublages, panneaux acoustiques | Recyclage de déchets post-consommation, forte performance phonique |
| Bétons absorbants le CO₂ | Revêtements urbains, façades, mobilier urbain | Capacité à piéger activement le CO₂ ambiant, entretien simplifié |
Ces innovations répondent à une logique de biorenouvelabilité, de captation carbone active, ou de valorisation de déchets existants. Elles s’inscrivent dans un mouvement global de réinvention des matériaux, entre technologie de pointe et inspiration biologique.
Top 5 des matériaux expérimentaux à suivre en 2025
- Le mycélium : un champignon qui se développe naturellement en moule pour former des blocs isolants 100 % compostables.
- Les briques d’algues : issues de l’aquaculture, elles offrent des performances mécaniques et thermiques prometteuses.
- Les panneaux textiles recyclés : à base de jean, de lin ou de laine récupérée, désormais utilisés en doublage ou en cloisons.
- Les matériaux à changement de phase (MCP) : régulent la température intérieure en absorbant ou restituant de la chaleur.
- Le béton CO₂ actif : développé pour piéger le carbone pendant la prise ou à travers des revêtements catalytiques.
La plupart de ces matériaux ne sont pas encore inscrits dans les bases réglementaires (FDES, INIES), mais ils incarnent la prochaine génération de l’architecture bas carbone, plus proche du vivant, plus régénérative, et conçue pour anticiper les crises climatiques à venir.


Penser autrement la construction bas carbone : pas de matériau miracle, mais une nouvelle grammaire constructive
Le béton traditionnel, longtemps perçu comme incontournable, est aujourd’hui remis en question par la réglementation environnementale, les données d’impact carbone et l’évolution des attentes des acteurs de la construction.
Si le béton bas carbone permet de gagner en performance, il ne suffit plus à lui seul.
Les alternatives biosourcées comme le bois, le chanvre ou la paille offrent des solutions robustes, locales et performantes.
Mais elles exigent une transformation plus large : une façon différente de concevoir les bâtiments, de penser les chantiers, d’articuler les filières. En somme, elles impliquent un changement de culture au sein même de la profession.
Ce que révèle ce comparatif, c’est qu’il n’existe pas de matériau parfait, mais des choix pertinents à faire en fonction du contexte : type de projet, contraintes structurelles, climat local, ressources disponibles, niveau de formation des équipes.
L’avenir de la construction durable sera fait de combinaisons intelligentes, de matériaux pluriels, de logiques bioclimatiques, appuyés par des outils numériques capables de simuler, d’optimiser et de documenter chaque choix dès la phase de conception.
L’enjeu ne sera plus seulement de bâtir, mais de bâtir mieux, avec moins, pour plus longtemps.
Intégrer des matériaux bas carbone n’est plus une option : c’est une exigence réglementaire et environnementale.
Grâce aux outils d’analyse comme Elodie, à la diffusion des labels BBCA, et à l’accompagnement des filières locales, les solutions concrètes existent.
L’avenir du bâtiment bas carbone se dessine dans la mixité des matériaux, la réduction de l’impact du ciment, et une architecture bioclimatique appuyée sur des données ACV robustes.
Et maintenant ?
Quel matériau bas carbone vous semble le plus adapté à votre prochain projet ?
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Foire aux questions : les matériaux bas carbone en 2025
Quelle est la différence entre béton bas carbone et béton décarboné ?
Le béton bas carbone utilise des liants alternatifs ou des composants recyclés pour réduire les émissions de CO₂. Le béton décarboné est un terme plus large qui inclut des formulations innovantes absorbant du CO₂ pendant la prise ou intégrant des processus de captation.
Quels matériaux sont éligibles au label bas carbone ?
Le label BBCA prend en compte les matériaux à faible empreinte carbone et à haute capacité de stockage, comme le bois, le chanvre, la paille ou certains bétons formulés avec du verre recyclé ou des ciments alternatifs.
Qu’est-ce que la base carbone de l’ADEME ?
La base carbone est un référentiel public développé par l’ADEME, qui centralise les facteurs d’émission de nombreux matériaux et produits. Elle est utilisée pour les ACV réglementaires dans le cadre de la RE2020.
Quel est le matériau le plus écologique pour la construction ?
Il n’existe pas de matériau parfait. Le choix dépend du type de projet, du climat, de la durabilité attendue, et des filières locales disponibles. En termes d’empreinte carbone, la paille et le chanvre sont parmi les meilleurs, suivis du bois. Le béton bas carbone reste utile pour les fondations ou les projets à forte contrainte structurelle.
Comment choisir son matériau bas carbone ?
Utilisez les FDES, consultez la base carbone, demandez des retours d’expérience locaux et fiez-vous aux simulations ACV proposées par des outils comme One Click LCA ou Elodie by CSTB.
Les matériaux bas carbone sont-ils plus chers ? Quel retour sur investissement attendre ?
Les matériaux bas carbone, notamment ceux d’origine biosourcée comme le bois, le chanvre ou la paille, peuvent entraîner un surcoût initial de 10 à 25 % par rapport à une construction conventionnelle en béton ou isolants minéraux.
Ce surcoût s’explique par la structuration encore incomplète des filières, une mise en œuvre plus technique, ou une industrialisation moins poussée.
Mais ce coût initial doit être mis en perspective avec le retour sur investissement global. D’une part, ces matériaux permettent de réduire significativement la facture énergétique grâce à de meilleures performances thermiques et un meilleur confort d’été.
D’autre part, ils contribuent à une valorisation immobilière dans le cadre des démarches RE2020, HQE ou BBCA.
Certains projets peuvent également bénéficier d’aides publiques ou de bonus carbone, notamment lorsqu’ils s’inscrivent dans des stratégies territoriales de transition.
Enfin, le coût d’entretien sur le long terme est souvent inférieur, notamment dans les bâtiments bénéficiant d’une régulation hygrométrique naturelle, ce qui réduit les besoins en ventilation mécanique ou en rénovation prématurée.
En somme, lorsqu’on raisonne en coût global sur 30 ou 50 ans, ces matériaux sont compétitifs, voire avantageux.
Ces matériaux sont-ils couverts par les assurances construction ?
Oui, les principaux matériaux bas carbone sont aujourd’hui éligibles à la couverture des assurances construction, sous réserve du respect des règles techniques en vigueur.
Le béton bas carbone est couvert dès lors que les formulations utilisent des liants normés comme les ciments CEM II ou CEM III.
Le bois, sous ses différentes formes (ossature, lamellé-collé, CLT), est assurable dès lors qu’il est traité et mis en œuvre selon les normes françaises.
Le chanvre bénéficie de règles professionnelles validées par les assureurs sous l’appellation “Construire en chanvre”, ce qui permet de l’intégrer à des projets soumis à la décennale.
De même, la construction en paille est encadrée par les règles professionnelles CP 2012, reconnues par l’Agence Qualité Construction.
Dans tous les cas, il est recommandé de faire appel à des artisans ou entreprises qualifiées, et de s’assurer que le matériau utilisé dispose d’une FDES ou d’un avis technique lorsque nécessaire.
Il existe aujourd’hui des ressources dédiées, notamment auprès du Réseau Français de la Construction Paille, d’InterChanvre ou de Karibati, pour accompagner les démarches assurantielles dans le cadre d’une construction bas carbone.

Pierre Chatelot est rédacteur en chef de ConstructionDurable.net, média dédié à la construction écologique et à l’habitat bas carbone. Diplômé en Aménagement du Territoire (Paris 1 Sorbonne), il a travaillé plus de 10 ans dans l’immobilier et le logement social, notamment comme directeur du développement d’un promoteur (150 logements livrés).
Spécialiste des matériaux biosourcés, de l’habitat léger et des énergies renouvelables, il a publié plus de 100 articles, lus par 50 000 lecteurs.