La RE 2028 n’est pas qu’une évolution réglementaire : c’est un choc de transformation pour les promoteurs immobiliers.
Entre hausse des coûts de construction, tensions sur les marges et adaptation des modèles économiques, elle bouleverse l’ensemble de la chaîne de valeur de la promotion immobilière.
D’ici 2028, les exigences vont frapper de plein fouet les acteurs du secteur :
- Matériaux biosourcés obligatoires à 50 %, impliquant une refonte des approvisionnements et des filières industrielles sous tension.
- Seuils carbone renforcés, limitant l’usage du béton conventionnel et des solutions énergétiques fossiles.
- Surcoûts estimés entre +8 et +15 %, impactant directement les prix de vente et les marges des promoteurs.
- Accélération du passage aux bâtiments à énergie positive, demandant de nouveaux modèles financiers et une maîtrise accrue des technologies bas carbone.
Les promoteurs sont aujourd’hui face à un double défi : absorber ces nouvelles contraintes tout en préservant leur rentabilité sur un marché déjà sous tension.
Dans un secteur où les marges ont chuté de 8 % en 2021 à 3 % en 2024, la RE 2028 impose une mutation profonde des stratégies de financement, de conception et de commercialisation.
Cet article décrypte les impacts réels de la RE 2028 sur la promotion immobilière : comment anticiper la hausse des coûts ?
Quels ajustements dans les montages financiers et les stratégies commerciales ? Quels leviers d’optimisation pour sécuriser la rentabilité des projets ?
À retenir
- Coûts sous pression : hausse estimée entre +8 et +15 % selon les typologies de bâtiments.
- Marge en danger : compression à 3 % en moyenne contre 8 % en 2021.
- Tensions d’approvisionnement : matériaux biosourcés et bas carbone soumis à une demande supérieure à l’offre.
- Industrialisation inévitable : la préfabrication bois et béton bas carbone devient un levier clé pour maîtriser les coûts et réduire les délais.
- Nouvelle donne financière : ratios de rentabilité (TRI, VEFA, fonds propres) doivent être recalculés pour s’adapter aux nouveaux standards.
- Opportunités à saisir : un marché en mutation où les promoteurs qui anticipent pourront se différencier sur un segment en pleine croissance.
La RE 2028 n’est pas seulement une contrainte : c’est aussi un accélérateur de mutation pour un secteur qui doit réinventer ses modèles.
Le modèle économique des promoteurs à l’épreuve de la RE 2028
L’entrée en vigueur de la RE 2028 impose une refonte structurelle du modèle économique des promoteurs immobiliers.
Entre hausse des coûts de construction, pression sur les marges et nouvelles contraintes financières, cette mutation oblige les acteurs du secteur à repenser leurs stratégies d’investissement, leurs méthodes de financement et leur positionnement commercial.
Impact sur la structure des coûts et les marges
Les promoteurs doivent faire face à une augmentation significative des coûts de construction, liée à l’obligation d’intégrer 50 % de matériaux biosourcés, à la généralisation des bâtiments à énergie positive et à l’exigence accrue sur les seuils carbone.
Contrairement aux grands groupes de construction qui peuvent amortir une partie de ces surcoûts via des économies d’échelle, les promoteurs ont moins de leviers pour absorber ces hausses sans impacter directement leurs marges.
| Poste de coût | Impact estimé de la RE 2028 | Conséquences pour les promoteurs |
|---|---|---|
| Matériaux biosourcés et bas carbone | +15 à +30 % sur certains matériaux | Hausse du prix de revient des opérations |
| Systèmes énergétiques performants | +5 à +12 % | Investissements obligatoires dans le photovoltaïque et le stockage d’énergie |
| Études et ingénierie bas carbone | +8 à +15 % | Complexification des études et allongement des délais |
| Assurances et garanties techniques | +18 % sur les primes d’assurance | Hausse des coûts de financement et de commercialisation |
La compression des marges est donc inévitable. En 2021, les marges nettes des promoteurs étaient en moyenne de 8 %. En 2024, elles sont tombées à 3 % et pourraient encore se réduire avec la montée en puissance des exigences réglementaires.
Témoignages de promoteurs :
- Directeur technique d’un grand groupe national : “Nous devons arbitrer entre l’absorption partielle des surcoûts, la négociation avec nos fournisseurs et la répercussion sur les prix de vente. Mais sur certains marchés, la marge de manœuvre est extrêmement réduite.”
- Responsable des opérations chez un promoteur régional : “Nos marges sont sous pression et la sécurisation des filières de matériaux devient une priorité absolue. Nous sommes obligés d’anticiper nos achats bien plus tôt et de contractualiser différemment.”

Nouveaux équilibres dans les montages financiers
Avec des coûts en hausse, les équilibres financiers traditionnels de la promotion immobilière sont remis en question. Plusieurs facteurs viennent compliquer le montage des opérations :
- Baisse de la rotation des capitaux : le coût du foncier représente déjà une part importante des dépenses, et la hausse des coûts de construction allonge les délais de rentabilité.
- Tensions avec les investisseurs institutionnels : les fonds d’investissement et banques sont plus frileux à financer des opérations dont les coûts augmentent et où la rentabilité est incertaine.
- Répercussions sur la VEFA (Vente en l’État Futur d’Achèvement) : les promoteurs devront ajuster leurs garanties et renforcer les assurances de performance énergétique pour convaincre les acquéreurs.
La réduction du TRI (Taux de Rentabilité Interne) oblige les promoteurs à revoir leur stratégie de financement.
Certains privilégient des partenariats avec des industriels du bas carbone pour optimiser leurs coûts, d’autres misent sur des financements verts et des obligations durables pour améliorer leurs conditions d’emprunt.
| Ratio financier | Impact de la RE 2028 | Conséquences |
|---|---|---|
| Taux de rentabilité interne (TRI) | Baisse moyenne de 1,5 à 2 points | Moins d’attractivité pour les investisseurs |
| Fonds propres requis | Augmentation de 15 à 20 % | Besoin de levées de fonds plus importantes |
| Durée moyenne d’une opération | Allongement de 6 à 12 mois | Risque accru sur la rotation des capitaux |
Point clé : sans anticipation, la RE 2028 pourrait rendre certaines opérations trop risquées, en particulier sur des marchés où la demande reste fragile.
Répercussions sur les prix de vente dans un marché tendu
L’augmentation des coûts de construction (+8 à +15 %) va mécaniquement se répercuter sur les prix de vente.
Mais dans un contexte où l’accession à la propriété est déjà sous pression (taux d’intérêt élevés, restrictions d’octroi de crédit), la capacité des ménages à absorber cette hausse est limitée.
| Segment de clientèle | Impact potentiel | Stratégies d’adaptation |
|---|---|---|
| Primo-accédants | Forte sensibilité au prix d’achat | Nécessité de compenser via des aides à l’accession et des dispositifs incitatifs |
| Investisseurs locatifs | Rentabilité en baisse | Possible recentrage sur des zones à forte tension locative |
| Acheteurs haut de gamme | Moins impactés par les hausses | Segmentation du marché et argumentaire premium (RE 2028 comme valeur ajoutée) |
Études de cas et tendances observées :
- Sur les marchés en tension (Paris, Lyon, Bordeaux), la RE 2028 pourrait être un facteur de différenciation, les acheteurs étant sensibles aux économies d’énergie et à la valorisation des biens durables.
- Dans les villes moyennes, la question est plus délicate : la hausse des prix pourrait freiner la commercialisation, à moins de trouver des mécanismes d’aide compensatoires.
- Les premiers projets conformes à la RE 2028 montrent des stratégies différenciées : certains promoteurs valorisent les bénéfices sur les charges énergétiques pour justifier la hausse du prix de vente, d’autres segmentent leur offre en proposant des solutions évolutives.
Analyse de l’élasticité-prix :
L’impact de la RE 2028 sur la demande immobilière varie selon la typologie de marché :
- Dans les métropoles, les acheteurs intègrent déjà la performance énergétique comme un critère clé et pourraient être prêts à payer un premium.
- Dans les zones périurbaines, l’enjeu est plus complexe : la capacité d’absorption des hausses de prix est limitée, et les promoteurs devront trouver des solutions financières attractives pour éviter le ralentissement des ventes.
Pour une analyse plus globale des évolutions réglementaires et techniques liées à la RE 2028, consultez notre article détaillé ici : RE 2028 et RE 2031 : tout savoir sur les nouvelles normes.
Les promoteurs sont confrontés à une équation complexe : comment intégrer les contraintes de la RE 2028 sans compromettre la rentabilité des opérations ?
- Optimisation des coûts via la préfabrication et la massification des achats
- Diversification des financements et recours aux dispositifs verts
- Valorisation commerciale des bénéfices long terme de la RE 2028
Les stratégies à adopter dépendront du positionnement du promoteur, du segment de clientèle visé et des opportunités de marché locales.
Les acteurs capables d’anticiper dès maintenant ces mutations seront les premiers à bénéficier de la transition bas carbone et à sécuriser leur rentabilité à long terme.

La transformation des processus d’approvisionnement et de construction
L’entrée en vigueur de la RE 2028 modifie profondément les chaînes d’approvisionnement et les méthodes de construction.
Face à l’augmentation de la demande en matériaux biosourcés et bas carbone, aux incertitudes réglementaires et à la hausse des coûts assurantiels, les promoteurs doivent réorganiser leurs stratégies d’achat, renforcer leurs garanties et accélérer l’industrialisation des chantiers.
Restructuration de la chaîne d’approvisionnement
L’un des principaux défis de la RE 2028 est la disponibilité des matériaux conformes aux nouveaux seuils carbone.
La tension sur l’offre entraîne une augmentation des prix et des délais d’approvisionnement, obligeant les promoteurs à sécuriser leurs approvisionnements en amont.
| Défi | Conséquences pour les promoteurs | Stratégies d’adaptation |
|---|---|---|
| Pénurie de matériaux biosourcés | Allongement des délais, hausse des coûts (+15 à +30 % sur certains matériaux) | Contrats-cadres avec fournisseurs, intégration des filières locales |
| Sous-capacité industrielle | Offre insuffisante pour répondre aux nouvelles exigences | Investissements dans des unités de production partagées |
| Hausse des prix des matériaux bas carbone | Impact direct sur le prix de revient des opérations | Mutualisation des achats entre promoteurs et fabricants |
Nouvelles stratégies d’achat et de sécurisation des filières
- Contrats-cadres pluriannuels : négociation avec les industriels du béton bas carbone, du bois certifié et des isolants biosourcés pour geler les prix sur plusieurs années.
- Investissements directs dans la production : certains grands promoteurs commencent à intégrer en amont des unités de fabrication de matériaux (ex. Woodeum et le CLT, Icade et le béton bas carbone).
- Développement des filières locales : approvisionnement en circuits courts pour réduire la dépendance aux importations et aux fluctuations des prix mondiaux.
Plateformes d’achat collaboratives : un levier pour réduire les coûts
- Des plateformes comme SynerCiel et Backacia permettent de mutualiser l’achat de matériaux de réemploi et bas carbone.
- Certains promoteurs régionaux s’associent pour former des centrales d’achat, réduisant ainsi l’impact des hausses de prix et sécurisant les volumes nécessaires.
Les défis de l’assurabilité et des garanties
Avec l’introduction massive de matériaux innovants, les promoteurs doivent faire face à une hausse des primes d’assurance et des exigences en matière de garanties.
| Type d’assurance | Problème identifié | Impact pour les promoteurs |
|---|---|---|
| Garantie Financière d’Achèvement (GFA) | Incertitude sur la rentabilité des opérations | Durcissement des critères bancaires |
| Assurance Dommages-Ouvrage (DO) | Peu de recul sur les matériaux biosourcés | Augmentation des primes (+18 % en moyenne) |
| Assurance décennale | Difficulté d’assurabilité des systèmes innovants | Hausse des franchises et des exclusions |
Comment négocier avec les assureurs ? Bonnes pratiques et retours d’expérience
- Fournir des études de cas et retours d’expérience sur les matériaux utilisés (ex. performance du béton bas carbone sur des chantiers existants).
- Impliquer les assureurs dès la conception pour anticiper les éventuels points de blocage et adapter les techniques constructives.
- Opter pour des certifications complémentaires (ex. ACV complète, label BBCA) pour rassurer les assureurs sur la pérennité des solutions employées.
Les promoteurs les plus avancés sur ces sujets travaillent en partenariat avec les bureaux d’études et les fabricants pour co-construire des modèles de garantie adaptés aux nouveaux standards de construction.
Industrialisation et préfabrication : un virage nécessaire
La RE 2028 impose une transformation des processus de construction. La préfabrication en usine devient un levier incontournable pour optimiser les coûts, réduire les délais et améliorer la qualité des ouvrages.
| Type d’industrialisation | Bénéfices pour les promoteurs |
|---|---|
| Préfabrication en bois CLT et béton bas carbone | Réduction de 30 % des délais de chantier, réduction des déchets |
| Modules préassemblés en usine | Moins de main-d’œuvre sur site, meilleure maîtrise des coûts |
| Ossatures bois et panneaux biosourcés | Réduction de l’empreinte carbone et anticipation des seuils RE 2031 |
Exemples d’intégration verticale dans la construction
- Woodeum : pionnier de la préfabrication bois pour des immeubles à faible empreinte carbone.
- Icade : développement d’une stratégie d’intégration des filières industrielles pour maîtriser les coûts des matériaux bas carbone.
Investissements requis et retour sur investissement des process industrialisés
- Mise en place d’usines de préfabrication : coût initial élevé, mais rentabilité assurée dès la troisième ou quatrième opération.
- Réduction des coûts de main-d’œuvre grâce à l’optimisation des tâches sur site.
- Moins d’aléas de chantier, donc meilleure maîtrise des délais et du cashflow.
Gestion du risque de retard et impact sur le cashflow
Avec la complexification des études de conception et les tensions sur les approvisionnements, le risque de retard s’accroît, impactant directement les marges et la rotation des capitaux des promoteurs.
| Facteur de risque | Conséquence sur les opérations | Stratégies d’anticipation |
|---|---|---|
| Allongement des délais d’approvisionnement | Retard de livraison des chantiers | Sécurisation des achats en amont, diversification des fournisseurs |
| Complexification des certifications | Validation plus longue des dossiers | Pré-certification des projets avec les bureaux de contrôle |
| Hausse des délais administratifs | Blocages sur les permis de construire | Dialogue en amont avec les autorités locales |
Stratégies d’adaptation des plannings de chantier face aux nouvelles contraintes
- Identification des points critiques dès la phase de conception : assurer la compatibilité des matériaux avec les exigences réglementaires pour éviter les ajustements en cours de chantier.
- Gestion proactive des risques de retard via des outils de suivi numérique (BIM, IA prédictive) pour optimiser la logistique et anticiper les points de blocage.
- Optimisation du phasage des travaux en fonction des disponibilités des matériaux et des capacités industrielles des fournisseurs.
Solutions contractuelles pour sécuriser les délais
- Clauses de flexibilité sur les livraisons de matériaux pour éviter les pénalités en cas de retard indépendant de la maîtrise d’ouvrage.
- Mise en place de pénalités et incitations financières pour les sous-traitants afin de garantir le respect des délais.
Anticiper ou subir : la nouvelle équation des promoteurs face à la RE 2028
La transformation des processus d’approvisionnement et de construction est l’un des plus grands défis que doivent relever les promoteurs pour se conformer à la RE 2028 tout en préservant leurs marges.
- Sécurisation des filières de matériaux biosourcés via des contrats pluriannuels
- Développement de la préfabrication pour optimiser les coûts et les délais
- Négociation renforcée avec les assureurs pour adapter les garanties aux nouveaux matériaux
- Gestion proactive des retards via la planification numérique et les solutions contractuelles
Les promoteurs capables d’anticiper ces évolutions et de structurer une chaîne de production optimisée seront les mieux positionnés pour maintenir leur compétitivité dans un marché en pleine mutation.
Transformation des méthodes de conception et d’ingénierie
L’application de la RE 2028 impose une refonte en profondeur des méthodes de conception et d’ingénierie pour intégrer dès l’amont les contraintes carbone et énergétiques.
Cette transformation ne se limite pas à l’ajustement des performances thermiques des bâtiments ; elle implique une évolution des cahiers des charges, des relations avec la maîtrise d’œuvre et des processus de validation réglementaire.
Anticipation dès la phase de programmation
Les promoteurs doivent désormais structurer leurs projets avec une approche bas carbone dès la phase de programmation.
Cela nécessite une redéfinition des cahiers des charges techniques, une montée en compétence des équipes internes et une meilleure intégration des exigences réglementaires dès les premières esquisses.
| Élément | Impact de la RE 2028 | Conséquences pour les promoteurs |
|---|---|---|
| Cahiers des charges | Intégration des seuils carbone et des matériaux biosourcés dès la conception | Augmentation des coûts d’étude et besoin d’une expertise spécifique |
| Compétences en ingénierie | Nécessité de nouvelles compétences en analyse du cycle de vie des matériaux | Recrutement ou formation d’ingénieurs bas carbone |
| Modélisation énergétique | Simulation plus fine des consommations et des émissions carbone | Adoption systématique d’outils de modélisation avancés (BIM, ACV dynamique) |
Évolution des cahiers des charges
Les promoteurs doivent anticiper les contraintes de la RE 2028 en définissant des cahiers des charges qui :
- Imposent des matériaux à faible empreinte carbone (béton bas carbone, ossature bois, isolants biosourcés).
- Intègrent des objectifs de performance énergétique supérieurs aux seuils minimaux réglementaires pour sécuriser la conformité.
- Prévoient une analyse du cycle de vie (ACV) des matériaux dès la phase d’avant-projet.
Renforcement des compétences internes
L’intégration des exigences RE 2028 nécessite des profils spécialisés en ingénierie carbone et en conception énergétique avancée.
- Certains promoteurs créent des pôles internes spécialisés dédiés à l’optimisation bas carbone.
- Les équipes doivent être formées aux méthodes d’évaluation carbone (ACV, maquette numérique énergétique, certifications BBCA, E+C-).
Bouleversement des relations avec la maîtrise d’œuvre
Le cadre traditionnel de la maîtrise d’œuvre, basé sur une logique séquentielle (conception puis construction), devient obsolète.
Pour atteindre les exigences de la RE 2028, la conception doit être intégrée dès l’amont et pilotée avec une approche collaborative entre architectes, bureaux d’études et promoteurs.
| Transformation | Impact sur le projet | Conséquences pour les promoteurs |
|---|---|---|
| Passage à une conception intégrée | Collaboration dès les premières phases du projet | Réduction des modifications tardives et des surcoûts |
| Nouveaux contrats de maîtrise d’œuvre | Intégration des performances carbone dans la rémunération des architectes | Révision des modes de rémunération et contractualisation de la performance |
| Utilisation du BIM et des maquettes carbone | Meilleure anticipation des performances et ajustements en temps réel | Gain de temps et de fiabilité dans la conception |
Passage à une conception intégrée
- Fin des approches cloisonnées : la performance carbone ne peut pas être un critère d’ajustement final, elle doit être intégrée dès la programmation.
- Nécessité de nouveaux outils collaboratifs : les promoteurs doivent travailler avec des équipes pluridisciplinaires dès la phase de faisabilité pour anticiper les impacts environnementaux.
Nouveaux types de contrats et honoraires des architectes
- Certains promoteurs expérimentent des contrats à rémunération basée sur la performance carbone, avec des primes pour les équipes réduisant l’empreinte CO₂ d’un projet.
- Le passage à la RE 2028 impose une refonte des modes de collaboration, avec un rôle accru pour les bureaux d’études spécialisés en ingénierie environnementale.
Utilisation du BIM et des maquettes carbone
Le BIM appliqué à l’analyse carbone devient un outil incontournable :
- Simulation dynamique des émissions carbone du projet, intégrant les choix de matériaux et les modes constructifs.
- Optimisation en temps réel des performances énergétiques pour garantir la conformité avec les seuils RE 2028.
- Meilleure communication entre acteurs du projet, réduisant les erreurs et les retards liés aux ajustements en cours de conception.
Anticipation des contrôles et conformité réglementaire
Les processus de validation des projets sont plus exigeants avec la RE 2028, obligeant les promoteurs à renforcer les procédures internes de contrôle avant le dépôt des permis de construire.
| Étape du projet | Nouveaux enjeux liés à la RE 2028 | Stratégies d’adaptation |
|---|---|---|
| Dépôt du permis de construire | Vérification des seuils carbone et de la conformité aux exigences RE 2028 | Renforcement des études d’impact en amont |
| Dialogue avec les certificateurs | Risque de refus ou de demandes de modifications tardives | Consultation précoce des bureaux de certification |
| Conformité en fin de chantier | Nécessité de justifier des choix constructifs bas carbone | Mise en place d’audits internes et de tests de validation |
Processus internes de vérification avant dépôt de permis
- Vérification de l’ensemble des indicateurs carbone avant soumission du projet.
- Simulation anticipée des performances thermiques et énergétiques pour éviter des ajustements de dernière minute.
Dialogue avec les organismes certificateurs en amont du projet
- Anticipation des attentes des bureaux de contrôle pour éviter les allers-retours coûteux.
- Demande d’un pré-audit environnemental avant la validation des choix constructifs.
Gestion des risques de non-conformité en fin de chantier
- Intégration de tests de validation intermédiaires pour vérifier la conformité des matériaux et des performances énergétiques.
- Audit final avec suivi des indicateurs de consommation énergétique et d’émissions carbone pour garantir la certification du bâtiment.
Optimiser la conception pour garantir la conformité et la rentabilité
Avec la RE 2028, les promoteurs doivent impérativement anticiper l’intégration des critères carbone dès les premières phases de conception.
- Mise à jour des cahiers des charges avec des objectifs carbone précis
- Adoption du BIM et des maquettes numériques pour ajuster en temps réel les performances du projet
- Passage d’une conception séquentielle à une approche intégrée avec les architectes et bureaux d’études
- Anticipation des contrôles pour éviter les non-conformités en fin de chantier
Les promoteurs capables d’intégrer ces nouvelles méthodologies dès aujourd’hui seront ceux qui maîtriseront leurs coûts et sécuriseront leurs marges dans un secteur en profonde mutation.
Pour une vision globale des transformations réglementaires, consultez notre article détaillé sur la RE 2028 et RE 2031 ici : RE 2028 et RE 2031 : tout savoir sur les nouvelles normes.


Adaptation de la stratégie commerciale et marketing
L’entrée en vigueur de la RE 2028 impose une réinvention des stratégies de commercialisation pour convaincre des acquéreurs plus attentifs aux performances énergétiques et aux coûts d’exploitation.
Le défi des promoteurs ne se limite pas à intégrer les nouvelles exigences techniques, mais aussi à les valoriser auprès des clients.
La clé du succès réside dans une nouvelle approche de la proposition de valeur, une montée en compétence des équipes commerciales et une diversification des services associés aux logements neufs.
Nouvelle proposition de valeur pour les acquéreurs
Avec l’augmentation des coûts de construction due aux exigences de la RE 2028, les promoteurs doivent repositionner leur offre sur un “premium vert” en mettant en avant les bénéfices financiers à long terme plutôt que le simple coût d’acquisition.
| Argumentaire commercial | Impact pour l’acquéreur | Objectifs pour le promoteur |
|---|---|---|
| Des charges énergétiques réduites | Diminution des factures de chauffage et d’électricité | Justifier un prix d’achat plus élevé |
| Un bien plus valorisé à la revente | Prise en compte des critères environnementaux par les acheteurs et investisseurs | Différenciation concurrentielle sur le marché |
| Un confort thermique supérieur | Meilleure régulation des températures, amélioration de la qualité de l’air | Création d’un argument émotionnel pour l’achat |
Outils de simulation personnalisés pour convaincre les acheteurs
- Développement de simulateurs d’économies d’énergie pour permettre aux acheteurs de comparer un bien RE 2028 à un bien classique.
- Création de supports digitaux interactifs (applications, vidéos explicatives, visites 3D avec analyse des gains énergétiques).
- Mise en avant des aides financières et prêts à taux bonifié pour l’acquisition d’un logement éco-performant.
La RE 2028 doit être présentée non pas comme une contrainte réglementaire mais comme un levier d’investissement intelligent pour les acquéreurs, intégrant une vision long terme sur les coûts et la valorisation du patrimoine.
Formation des équipes commerciales aux nouveaux enjeux
Les commerciaux doivent maîtriser les nouvelles exigences réglementaires pour être capables d’expliquer clairement aux acquéreurs l’impact des choix techniques sur leur confort et leurs finances.
| Compétence à développer | Pourquoi c’est essentiel ? | Outils de formation |
|---|---|---|
| Comprendre la RE 2028 | Expliquer aux clients les gains et obligations | Modules de formation interne, webinaires techniques |
| Maîtriser l’argumentaire bas carbone | Valoriser les bénéfices financiers et écologiques | Supports de vente dédiés (brochures, vidéos, infographies) |
| Utiliser les outils de simulation énergétique | Rendre concret l’impact sur les charges | Ateliers pratiques avec simulateurs d’économies |
Adaptation des supports commerciaux et des techniques de vente
- Remplacement des argumentaires classiques basés sur le prix par des scénarios d’économies à long terme.
- Intégration d’experts techniques dans le processus de vente pour répondre aux questions pointues des acheteurs.
- Création d’un label interne RE 2028 garantissant aux clients un standard de qualité et de performance.
Le client doit percevoir un logement RE 2028 comme un investissement sûr et durable, et non comme un simple bien soumis à une réglementation stricte.
Diversification des offres et services associés
Face à un marché en mutation, les promoteurs doivent aller au-delà de la vente de logements neufs en intégrant des services énergétiques complémentaires qui renforceront l’attractivité et la rentabilité des projets.
| Service ajouté | Bénéfices pour l’acheteur | Intérêt pour le promoteur |
|---|---|---|
| Forfaits d’énergie verte négociés | Accès à une électricité 100 % renouvelable à tarif préférentiel | Fidélisation et différenciation de l’offre |
| Garanties de performance énergétique | Engagement sur les consommations maximales du logement | Création d’un avantage concurrentiel |
| Solutions de stockage et autoconsommation | Optimisation de la facture énergétique | Rentabilisation des équipements solaires intégrés |
| Communautés énergétiques et mutualisation | Possibilité de revendre l’énergie produite | Modèle économique innovant et incitatif |
Exemples de nouveaux modèles intégrés aux opérations immobilières
- Quartiers énergétiquement autonomes, où les résidents partagent et revendent leur électricité verte.
- Offres de services groupés (maintenance des panneaux photovoltaïques, suivi des consommations via une application dédiée).
- Garanties de performance énergétique contractuelles : si les seuils annoncés ne sont pas atteints, prise en charge de la différence par le promoteur.
L’intégration de ces services permet aux promoteurs de se différencier sur un marché de plus en plus concurrentiel, tout en optimisant la rentabilité des projets sur le long terme.
Maîtriser la RE 2028 : une opportunité commerciale à saisir
Les promoteurs doivent voir la RE 2028 non pas comme un frein mais comme un accélérateur de transformationdans leurs stratégies de commercialisation.
- Éduquer les acheteurs sur les bénéfices financiers et écologiques
- Former les équipes de vente à un argumentaire basé sur la performance énergétique
- Diversifier l’offre avec des services complémentaires liés à l’énergie et au confort
Ceux qui sauront adapter leur discours et enrichir leur offre auront un avantage décisif sur le marché de l’immobilier neuf.
Réorganisation interne et nouvelles compétences
L’adoption de la RE 2028 ne repose pas uniquement sur des changements techniques et réglementaires.
Elle exige une transformation en profondeur des organisations au sein des entreprises de promotion immobilière.
Pour intégrer efficacement les nouveaux critères environnementaux et optimiser la rentabilité des projets, les promoteurs doivent adapter leur structure, recruter de nouvelles compétences et renforcer leurs collaborations externes.
Évolution des organigrammes et nouveaux métiers
Avec la montée en puissance des exigences bas carbone, les grands groupes immobiliers créent désormais des directions dédiées à l’innovation environnementale.
Les profils hybrides (technique, commercial, financier) deviennent incontournables pour assurer la mise en œuvre opérationnelle de la transition.
| Évolution organisationnelle | Impact pour les promoteurs | Exemples de mise en œuvre |
|---|---|---|
| Création de directions bas carbone | Structuration des compétences autour des enjeux environnementaux et réglementaires | Nexity a lancé une division “Bas Carbone et Économie Circulaire” pour structurer ses choix techniques |
| Recrutement de profils hybrides | Besoin d’experts capables de traduire les exigences RE 2028 en solutions techniques et commerciales | Postes émergents : “Responsable bas carbone”, “Ingénieur en optimisation énergétique” |
| Montée en compétence des équipes existantes | Accélération des formations en ACV, BIM et modélisation carbone | Programmes internes chez Bouygues Immobilier et Icade pour former leurs collaborateurs aux nouvelles exigences |
Les petits et moyens promoteurs, quant à eux, privilégient souvent la mutualisation des ressources et l’externalisation des compétences auprès de bureaux d’études spécialisés.
Études de cas sur les nouvelles stratégies RH
- Icade a intégré une formation bas carbone obligatoire pour ses chefs de projet.
- Woodeum mise sur le recrutement de profils issus de l’ingénierie bois et du secteur de l’économie circulaire.
- Eiffage Immobilier développe des programmes de mentorat internes pour acculturer ses équipes à la conception bas carbone.
Digitalisation et outils d’aide à la décision
La gestion des performances environnementales et financières impose aux promoteurs d’intégrer des outils numériques avancés pour suivre, analyser et anticiper l’impact de leurs décisions en temps réel.
| Outil numérique | Bénéfice pour les promoteurs | Exemples d’utilisation |
|---|---|---|
| Tableaux de bord carbone | Suivi en temps réel des indicateurs environnementaux | Comités d’engagement chez Vinci Immobilier pour valider les projets en fonction de leur empreinte carbone |
| Logiciels d’optimisation technique et financière | Aide à la sélection des matériaux et modes constructifs en fonction des seuils RE 2028 | Outils comme One Click LCA ou Elodie pour le calcul des ACV |
| BIM avec simulation carbone intégrée | Modélisation et ajustement des choix techniques dès la conception | Déploiement chez Altarea pour comparer l’impact carbone de différentes variantes de projet |
Pourquoi ces outils deviennent incontournables ?
- Faciliter la prise de décision des directions générales en intégrant la contrainte carbone comme un critère stratégique.
- Optimiser le coût global des opérations en arbitrant entre matériaux et procédés les plus performants.
- Anticiper les contraintes réglementaires et sécuriser la conformité des projets avant leur validation.
Les promoteurs qui adoptent ces outils dès maintenant prennent une longueur d’avance sur la concurrence, en maîtrisant mieux les coûts et la rentabilité de leurs projets bas carbone.
Nouvelles collaborations externes
Face aux nouveaux défis technologiques et industriels, les promoteurs ne peuvent plus travailler en vase clos.
Les partenariats stratégiques avec les industriels des matériaux bas carbone, les pôles de compétitivité et les organismes de recherche deviennent essentiels pour assurer la viabilité économique et technique des projets RE 2028.
| Type de partenariat | Objectifs | Exemples d’initiatives |
|---|---|---|
| Avec les industriels des matériaux | Sécuriser l’approvisionnement et stabiliser les coûts | Nexity collabore avec Saint-Gobain pour intégrer des matériaux bas carbone sur ses projets |
| Avec les pôles de compétitivité et la recherche | Accéder aux innovations en construction durable et stockage d’énergie | Vinci Immobilier participe aux travaux du CSTB sur l’optimisation des ACV |
| Avec les startups et pure players du bas carbone | Intégrer des solutions innovantes dans les projets | Bouygues Immobilier investit dans des startups spécialisées en préfabrication bois |
Ces collaborations permettent de réduire les risques financiers et techniques tout en accélérant l’innovation dans la construction bas carbone.
Structurer son organisation pour réussir la transition RE 2028
Les promoteurs doivent revoir leur organisation interne, leurs outils de gestion et leurs partenariats stratégiquespour réussir à conjuguer rentabilité et performance environnementale.
- Mise en place de directions dédiées au bas carbone et recrutement de profils spécialisés
- Déploiement de logiciels d’aide à la décision pour intégrer la contrainte carbone dès la conception
- Collaboration avec les industriels et centres de recherche pour accéder aux innovations
Cette transformation ne relève plus d’un choix, mais d’une nécessité pour garantir la compétitivité des promoteurs dans un marché en pleine mutation.
Stratégies d’adaptation différenciées selon les types de promoteurs
L’application de la RE 2028 ne touche pas tous les promoteurs de la même manière. Les grands groupes disposent de capacités d’investissement et de leviers industriels, tandis que les promoteurs régionaux et les PME misent sur leur agilité et leur connaissance du tissu local.
Parallèlement, de nouveaux acteurs émergent avec un positionnement 100 % bas carbone, contournant les contraintes des promoteurs traditionnels grâce à des modèles économiques alternatifs.
Grands groupes nationaux : puissance financière et intégration verticale
Les grands promoteurs nationaux ont la capacité d’investir massivement pour internaliser une partie des nouvelles contraintes de la RE 2028. Ils misent sur :
- L’intégration verticale, avec le développement d’unités de fabrication de matériaux bas carbone et la création de filiales spécialisées en préfabrication.
- L’industrialisation des process, réduisant la dépendance aux sous-traitants et optimisant les coûts de production.
- La structuration de filières d’approvisionnement exclusives pour garantir la disponibilité des matériaux conformes aux exigences réglementaires.
| Groupe | Stratégie RE 2028 | Exemple de mise en œuvre |
|---|---|---|
| Nexity | Investissement dans la préfabrication et le bas carbone | Partenariat avec Woodeum pour des opérations en structure bois |
| Eiffage Immobilier | Intégration des filières de production de béton bas carbone | Collaboration avec Hoffmann Green Cement sur des projets RE 2028 |
| Bouygues Immobilier | Développement d’une offre 100 % bas carbone | Lancement du label “Bas Carbone” avec des critères plus exigeants que la RE 2028 |
Les grands groupes utilisent également leur capacité de négociation avec les assureurs et les banques pour faciliter l’obtention de garanties et sécuriser les financements.
Leur principal défi reste cependant l’inertie structurelle : l’adoption de nouveaux modèles prend du temps, et les changements doivent être intégrés sur des centaines de projets en parallèle.
Promoteurs régionaux et PME : agilité et ancrage local
Contrairement aux grands groupes, les promoteurs régionaux et les PME n’ont pas les mêmes marges de manœuvre financières, mais ils disposent de deux atouts majeurs :
- Une flexibilité accrue, leur permettant de tester rapidement de nouveaux procédés et matériaux.
- Une connaissance fine des filières locales, leur offrant la possibilité de sécuriser leurs approvisionnements en circuits courts.
| Levier d’adaptation | Avantages pour les promoteurs régionaux |
|---|---|
| Mutualisation des ressources | Accès à des plateformes d’achat collaboratives pour stabiliser les coûts |
| Partenariats avec des artisans locaux | Réduction de la dépendance aux grands industriels et valorisation des compétences locales |
| Utilisation de matériaux biosourcés régionaux | Moindre impact carbone et meilleure intégration aux réglementations territoriales |
Exemples de mutualisation et d’innovations locales
- Groupe LP Promotion (Nouvelle-Aquitaine) : utilisation de filières bois locales pour anticiper les hausses de prix du béton bas carbone.
- Tagerim (Occitanie) : mutualisation des achats avec d’autres promoteurs régionaux pour sécuriser l’approvisionnement en isolants biosourcés.
- Ametis (Hauts-de-France) : intégration de briques de terre crue fabriquées localement pour réduire l’impact carbone des constructions.
Le principal défi des PME reste la sécurisation du financement : contrairement aux grands groupes, elles doivent souvent composer avec des marges plus faibles et des contraintes bancaires plus strictes.
Nouveaux entrants spécialisés bas carbone : rupture avec les modèles traditionnels
Face aux difficultés d’adaptation des acteurs historiques, certains nouveaux entrants ont choisi de bâtir un modèle de promotion immobilière 100 % bas carbone dès le départ. Ces startups de la promotion immobilière ont plusieurs avantages :
- Une structure de coûts pensée pour la RE 2028 dès leur création.
- Des modèles constructifs disruptifs, souvent basés sur la préfabrication bois et la construction modulaire.
- Un positionnement marketing différenciant, misant sur des clients sensibles à l’empreinte écologique et prêts à payer un premium.
| Nouvel acteur | Stratégie différenciante | Limites du modèle |
|---|---|---|
| Woodeum | Promotion exclusivement en structure bois CLT | Coût de construction encore plus élevé que le béton bas carbone |
| Vestack | Construction modulaire préfabriquée et bas carbone | Contraintes sur les volumes de production encore limités |
| Eden Promotion | Focus sur le logement collectif RE 2028+ en circuits courts | Dépendance aux filières locales et coûts non standardisés |
Ces pure players du bas carbone adoptent souvent un modèle hybride :
- Partenariats avec des fonds spécialisés dans l’immobilier durable pour capter des financements adaptés.
- Collaboration avec des laboratoires de recherche pour anticiper les évolutions des matériaux et solutions techniques.
- Approche marketing basée sur la valeur ajoutée écologique, ciblant des investisseurs et acquéreurs plus sensibilisés aux enjeux climatiques.
Leur principal défi reste l’échelle et l’industrialisation : pour concurrencer les promoteurs classiques, ils doivent accélérer la production et réduire les coûts, tout en conservant un haut niveau d’exigence environnementale.
S’adapter à la RE 2028 : une stratégie propre à chaque promoteur
| Type de promoteur | Stratégie d’adaptation privilégiée | Principaux défis |
|---|---|---|
| Grands groupes nationaux | Intégration verticale et industrialisation des process | Inertie structurelle et complexité des changements à grande échelle |
| Promoteurs régionaux et PME | Mutualisation des ressources et ancrage local | Accès aux financements et sécurisation des matériaux |
| Nouveaux entrants bas carbone | Modèles disruptifs et différenciation marketing | Scalabilité et compétitivité des coûts |
Chaque acteur du marché doit donc adapter sa stratégie en fonction de ses ressources et de sa taille.
- Les grands groupes misent sur la massification et l’optimisation des coûts via l’industrialisation.
- Les PME et promoteurs régionaux capitalisent sur la flexibilité et les circuits courts.
- Les nouveaux entrants jouent sur leur avance technologique et leur positionnement différenciant.
L’évolution du marché d’ici 2030 dépendra de la capacité des promoteurs à structurer leurs modèles autour du bas carbone, en transformant la RE 2028 d’une contrainte en avantage concurrentiel.
La RE 2028, une transformation inévitable du métier de promoteur
La RE 2028 ne représente pas seulement une contrainte réglementaire ; elle redéfinit en profondeur les modèles économiques, les méthodes de conception et les stratégies de commercialisation des promoteurs immobiliers.
Entre hausse des coûts, nouvelles exigences carbone et évolution des attentes des acquéreurs, elle impose une mutation accélérée du secteur.
D’ici 2030, le paysage concurrentiel de la promotion immobilière sera profondément transformé :
- Les grands groupes nationaux capitaliseront sur l’industrialisation et l’intégration verticale pour optimiser leurs marges et garantir leur compétitivité.
- Les promoteurs régionaux et PME miseront sur la mutualisation des ressources et l’exploitation des filières locales pour se différencier.
- Les nouveaux acteurs spécialisés bas carbone profiteront d’un marché en mutation pour s’imposer avec des modèles plus flexibles et innovants.
La capacité des promoteurs à anticiper les contraintes, sécuriser leurs approvisionnements et structurer une offre différenciante déterminera leur position dans ce marché en recomposition.
Plan d’action prioritaire pour un promoteur face à la RE 2028
| Action | Pourquoi c’est essentiel ? |
|---|---|
| Analyser l’impact de la RE 2028 sur le portefeuille de projets | Identifier les opérations les plus exposées aux surcoûts et ajuster les prévisions financières |
| Sécuriser l’approvisionnement en matériaux bas carbone | Négocier des contrats-cadres avec des fournisseurs pour anticiper la hausse des prix et les pénuries |
| Former les équipes aux nouvelles exigences et aux argumentaires commerciaux adaptés | Assurer une transition efficace et valoriser l’offre auprès des clients et investisseurs |
| Optimiser les montages financiers et intégrer des financements verts | Adapter les ratios de rentabilité et capter des fonds dédiés à la construction bas carbone |
| Renforcer les outils d’aide à la décision (BIM, ACV, logiciels d’optimisation énergétique) | Améliorer la conception en amont et garantir la conformité dès les premières phases du projet |
Investissements stratégiques à planifier
- Industrialisation et préfabrication : réduction des coûts et des délais grâce à une meilleure maîtrise des process constructifs.
- Développement de solutions énergétiques intégrées : stockage d’énergie, autoconsommation, gestion intelligente des flux.
- Renforcement des compétences internes : recrutement et formation d’experts en bas carbone et en ingénierie environnementale.
Compétences clés à recruter
- Responsable bas carbone et transition énergétique : pilotage des choix techniques et optimisation des performances des projets.
- Expert en financement et fiscalité verte : intégration des dispositifs incitatifs pour sécuriser les modèles économiques des opérations.
FAQ : RE 2028 et promoteurs immobiliers
La RE 2028 s’appliquera aux permis de construire déposés à partir du 1er janvier 2028. Il est recommandé d’anticiper dès 2026-2027, les approvisionnements en matériaux conformes risquant de se tendre à l’approche de l’échéance.
L’obligation d’intégrer 50% de matériaux biosourcés et le durcissement des seuils carbone. Ces exigences entraînent une hausse des coûts de construction de 8% à 15% et nécessitent une restructuration des filières d’approvisionnement et des montages financiers.
Plusieurs leviers sont efficaces : optimiser les choix techniques dès la conception, industrialiser les procédés constructifs (préfabrication), mutualiser les achats entre promoteurs, et développer des services énergétiques complémentaires qui génèrent de nouvelles sources de revenus.
Cela varie selon les marchés. Dans les métropoles et segments premium, la performance environnementale est déjà valorisée. Pour les zones moins tendues, le défi est de démontrer le retour sur investissement via les économies d’énergie et la valorisation patrimoniale à long terme.
Deux profils stratégiques : un responsable bas carbone pour optimiser les choix techniques, et un expert en montage financier spécialisé dans les dispositifs verts. La formation des équipes commerciales aux arguments économiques liés à la performance énergétique est également cruciale.
Les établissements financiers intègrent déjà des critères ESG dans leurs décisions avec des conditions préférentielles pour les projets bas carbone (taux bonifiés, ratios de fonds propres ajustés). Cette tendance devrait s’accentuer d’ici 2028 avec des produits financiers dédiés à la transition écologique.
L’anticipation est clé : contrats-cadres pluriannuels, diversification des fournisseurs et développement de filières locales. Certains grands promoteurs vont jusqu’à intégrer verticalement la production en prenant des participations dans des entreprises de matériaux biosourcés.
Pas nécessairement. Si les grands groupes bénéficient d’économies d’échelle, les promoteurs indépendants peuvent capitaliser sur leur agilité et leur connaissance des filières locales. L’enjeu principal n’est pas la taille de la structure mais sa capacité d’adaptation et d’innovation.

Pierre Chatelot est rédacteur en chef de ConstructionDurable.net, média dédié à la construction écologique et à l’habitat bas carbone. Diplômé en Aménagement du Territoire (Paris 1 Sorbonne), il a travaillé plus de 10 ans dans l’immobilier et le logement social, notamment comme directeur du développement d’un promoteur (150 logements livrés).
Spécialiste des matériaux biosourcés, de l’habitat léger et des énergies renouvelables, il a publié plus de 100 articles, lus par 50 000 lecteurs.