Montpellier, un après-midi de juillet 2025. Dehors, le thermomètre crève les 42°C.
Dedans, dans cette maison passive tout juste livrée, la température oscille paisiblement autour de 25°C.
Pas de climatisation, aucun système actif, seulement l’architecture bioclimatique à l’œuvre : orientation solaire millimétrée, inertie thermique du béton, ventilation naturelle orchestrée comme une partition, brise-soleil et patios végétalisés.
Est-ce la maison du futur ? Non : c’est déjà la réalité de centaines de bâtiments conçus pour résister aux vagues de chaleur.
D’ici 2050, la France devra composer avec +3°C en moyenne et des épisodes caniculaires plus fréquents et intenses. Face à ce défi, le confort d’été s’impose comme un nouvel impératif architectural.
Les solutions techniques ne manquent pas, mais toutes ne se valent pas : la climatisation généralisée, énergivore et émettrice de CO₂, n’est pas durable.
À l’inverse, l’architecture bioclimatique propose une autre voie : utiliser l’intelligence du bâti pour maximiser le confort thermique, tout en minimisant la consommation d’énergie.
À travers cet article, nous allons explorer 7 techniques passives éprouvées – issues de retours d’expérience, de mesures de performance et d’une synthèse des meilleures pratiques en conception passive : orientation et protection solaire, ventilation traversante, inertie thermique, végétalisation, puits de lumière, patios et conformité RE2025.

L’objectif ? Vous offrir un guide complet pour transformer chaque mètre carré en rempart naturel contre la canicule, quel que soit votre projet ou votre budget.
À retenir
- Architecture bioclimatique canicule : une réponse efficace face au réchauffement, déjà validée dans des maisons où la température intérieure reste < 25°C même lors de canicules extrêmes, sans recours à la climatisation.
- 7 techniques passives clés : orientation et protections solaires, ventilation traversante, inertie thermique, végétalisation, puits de lumière, patios/cours intérieures, et anticipation de la RE2025.
- Performance mesurée : jusqu’à -8°C d’écart entre l’extérieur et l’intérieur selon les configurations (source : études CSTB / universités).
- ROI global : le surcoût d’une conception bioclimatique (8 à 12 %) est amorti en moins de 15 ans par les économies d’énergie et la valorisation du confort.
- Promesse : adopter une conception passive, c’est garantir un confort durable, anticiper la réglementation et renforcer la résilience de votre bâtiment face aux défis climatiques.

A lire : Isolation thermique d’été : -8°C intérieur avec ces 5 matériaux naturels
Orientation et protection solaire : maîtriser les apports
Dans une architecture bioclimatique, l’orientation et la protection solaire constituent la première ligne de défense contre la surchauffe estivale.
Maîtriser les apports solaires, c’est transformer le soleil en allié l’hiver et en adversaire contrôlé l’été.
Principe fondamental : en France métropolitaine, on privilégie des façades sud protégées — là où le soleil est le plus intense en été — et des façades nord plus ouvertes pour maximiser l’éclairage naturel tout en minimisant les gains thermiques indésirables.
Les façades est et ouest, quant à elles, doivent être traitées avec soin car elles reçoivent un ensoleillement rasant, difficile à filtrer.
L’orientation des pièces de vie vers le sud, combinée à des protections fixes ou mobiles (casquettes, auvents, brise-soleil), permet d’exploiter l’énergie solaire passive en hiver tout en limitant les apports en été.
À l’inverse, ouvrir la façade nord pour les espaces secondaires (cellier, circulations) limite le risque de surchauffe et facilite la ventilation naturelle.

Cas pratique : efficacité d’une casquette solaire
Prenons le cas d’une casquette béton de 60 cm, positionnée au-dessus d’une baie vitrée plein sud.
Des études thermiques démontrent qu’une telle protection réduit de 40 % les apports solaires en été, tout en laissant passer le soleil bas en hiver, maximisant ainsi les gains gratuits en période froide.
Cette optimisation repose sur le calcul précis de l’angle solaire à différentes saisons : en été, le soleil est haut et l’ombre portée protège l’intérieur ; en hiver, le soleil bas passe sous la casquette.
| Type de protection | Hauteur débord | Apports solaires été | Apports solaires hiver | Avantage principal |
|---|---|---|---|---|
| Casquette (béton/bois) | 60 cm | -40 % | Maintenus | Durabilité, pas d’entretien |
| Brise-soleil orientable | Variable | -60 % | Ajustables | Adaptation selon météo |
| Store extérieur | 80 cm | -65 % | Occultant | Flexibilité, protection pluie |

Étude de cas : villa bioclimatique à Aix-en-Provence
À Aix-en-Provence, une villa certifiée BBC a été conçue pour résister aux pics de chaleur (> 40 °C).
Les architectes ont appliqué les fondamentaux : toutes les pièces de vie s’ouvrent plein sud, protégées par des casquettes de 70 cm, avec brise-soleil orientables en complément. Les baies ouest sont réduites et protégées par des arbres à feuillage caduc.
En plein été, les mesures montrent une température intérieure stable autour de 25-27 °C, sans climatisation.
L’analyse thermique indique que la réduction des apports directs par les vitrages sud a permis de diminuer la charge de refroidissement de près de 50 % par rapport à une conception conventionnelle.
Détails techniques et dimensionnement optimal
La clé d’une protection solaire efficace réside dans le calcul de l’angle solaire selon la latitude, la période de l’année et la profondeur du débord.
À Montpellier, par exemple, un débord de 60 à 80 cm positionné à 2,2 m de hauteur protège l’intégralité de la baie de juin à août, tout en laissant entrer la lumière de novembre à février.
Pour les projets en auto-construction, il existe des logiciels gratuits pour simuler l’ombre portée et optimiser la dimension de chaque casquette.
À retenir : bien conçue, la combinaison orientation + protection solaire permet d’obtenir jusqu’à 8 °C d’écart de température intérieure lors des pics estivaux, sans recourir à la climatisation.
C’est le socle de toute stratégie bioclimatique performante face aux canicules à venir, et cette maîtrise des apports solaires se combine parfaitement avec la ventilation traversante pour maximiser le confort d’été.

Ventilation traversante : le rafraîchissement gratuit
Combinée aux protections solaires, la ventilation traversante est la seconde arme essentielle de l’architecture bioclimatique pour garantir un confort d’été sans climatisation.
Elle exploite deux phénomènes physiques : le tirage thermique naturel (différentiel de température entre l’intérieur et l’extérieur) et, dans une moindre mesure, l’effet Venturi (accélération de l’air entre deux ouvertures opposées).
Principe et fonctionnement
Dans une maison bioclimatique, l’air chaud accumulé dans les espaces de vie peut être évacué de façon passive chaque soir, simplement grâce à des ouvertures opposées bien dimensionnées.
Lorsque la température extérieure chute après le coucher du soleil, un différentiel thermique se crée : l’air plus frais s’infiltre par les ouvertures basses (façade nord), tandis que l’air chaud s’échappe par des ouvertures hautes (façade sud ou ouest, lanterneaux, velux motorisés).
Ce flux vertical, amplifié par le tirage thermique, permet de faire baisser la température intérieure de 3 à 5 °C en quelques heures, sans aucune énergie mécanique.
La performance d’une ventilation traversante bien conçue est prouvée : lors de la canicule de 2022, une maison passive à Toulouse affichait 26 °C à l’intérieur, contre 31 °C dehors, grâce à un système d’aération nocturne automatisé.
Dimensionnement optimal : chiffres clés
Pour obtenir un rafraîchissement efficace, il est essentiel de respecter plusieurs critères dimensionnels :
| Paramètre | Valeur recommandée |
|---|---|
| Surface totale des ouvrants traversants | ≥ 20 % de la surface habitable |
| Différence de hauteur entre entrée/sortie | ≥ 1,8 m (meilleur effet cheminée) |
| Vitesse d’air nocturne optimale | 0,5 à 1,5 m/s (mesurée à l’intérieur) |
| Durée d’aération estivale efficace | 3 à 4 heures après le coucher du soleil |
| Orientation des ouvertures | Opposées nord-sud, décalées en hauteur |
Source : Guide ADEME ventilation naturelle, retours d’expérience maisons passives
Les maisons bioclimatiques, des maisons plus durables
Application concrète : étude de cas à Toulouse
En 2019, un couple fait construire une maison passive de 120 m² à Toulouse. Leur architecte opte pour :
- de larges baies nord (25 % surface murs),
- deux ouvrants hauts sud-ovest,
- un pilotage motorisé des ouvrants déclenché dès que la température extérieure descend sous 25 °C.
Résultat : lors de la canicule de 2022, l’intérieur est resté stable à 26–27 °C (même après plusieurs jours > 40 °C), sans climatisation, grâce à ce système de ventilation traversante nocturne.
Points de vigilance et optimisation
- Veiller à limiter la pénétration de la chaleur le jour : stores extérieurs ou brise-soleil sur les façades exposées.
- Préférer des ouvertures de tailles différentes (plus petites côté vent dominant, plus grandes côté opposé) pour activer l’effet Venturi.
- Automatiser l’ouverture/fermeture pour maximiser la fenêtre thermique nocturne.
- Prévoir moustiquaires ou grilles fines pour éviter intrusion d’insectes.
Si la ventilation naturelle permet de rafraîchir l’air, il reste essentiel de stocker la fraîcheur. C’est là qu’intervient l’inertie thermique, troisième pilier de la conception passive bioclimatique, que nous détaillons dans la prochaine section.

Inertie thermique : stocker la fraîcheur nocturne
L’inertie thermique est le socle invisible du confort d’été : c’est elle qui permet de créer un déphasage de 8 à 12 heures entre le pic de chaleur extérieur et la température ressentie à l’intérieur.
Plus le bâtiment embarque de matériaux à forte capacité thermique massique, plus il peut emmagasiner la fraîcheur nocturne et la restituer en journée, limitant la surchauffe sans recours à la climatisation.
Capacité thermique des matériaux : le trio gagnant
Le choix des matériaux structurels conditionne la capacité du bâtiment à stocker et diffuser la chaleur ou la fraîcheur.
Les solutions les plus efficaces reposent sur l’intégration de masses lourdes :
| Matériau | Capacité thermique (J/kg.K) | Densité (kg/m³) | Capacité stockage volumique (MJ/m³) | Avantage été |
|---|---|---|---|---|
| Béton | 900 à 1 000 | 2 200 à 2 400 | 1 980 à 2 400 | Très forte |
| Terre crue | 1 000 à 1 200 | 1 700 à 2 000 | 1 700 à 2 400 | Exceptionnelle |
| Pierre | 800 à 950 | 2 200 à 2 600 | 1 760 à 2 470 | Forte |
Source : CSTB, Guide matériaux à inertie thermique 2023
Pour atteindre un effet d’inertie thermique efficace en été, il est recommandé de viser au moins 200 kg de masse lourde par m² habitable répartis entre murs porteurs, planchers, mais aussi cloisons intérieures lourdes (terre crue, béton cellulaire dense).
Cette répartition homogène permet d’optimiser le stockage et la diffusion de la fraîcheur dans tout le logement.
Applications concrètes en conception passive
- Murs Trombe inversés : placés au nord, ils emmagasinent la fraîcheur la nuit et la redistribuent le jour.
- Dalles actives : équipées de tubes ou serpentins, elles maximisent l’échange thermique avec la ventilation nocturne.
- Cloisons lourdes : leur intégration permet de répartir l’inertie thermique dans chaque pièce, évitant les zones de surchauffe locale.
Ces stratégies sont d’autant plus efficaces que la ventilation traversante (vue précédemment) et la protection solaire sont elles aussi optimisées pour l’évacuation nocturne de la chaleur.
Retour d’expérience : maison en terre crue en Ardèche
En 2022, une maison bioclimatique en terre crue de 110 m² (murs de 45 cm, dalle lourde 20 cm, cloisons internes en briques de terre) a permis à ses habitants de maintenir une amplitude thermique intérieure inférieure à 4 °C malgré des pics extérieurs à 40 °C.
Grâce à cette combinaison de masses lourdes, d’ouvertures nocturnes automatisées et de protections solaires soignées, la température intérieure n’a pas dépassé 26–27 °C en pleine canicule, sans recours à la climatisation.
À retenir : L’inertie thermique n’exprime tout son potentiel que lorsqu’elle est pensée comme un système global : murs, planchers, cloisons, ventilation naturelle et protections solaires doivent travailler ensemble.
La prochaine étape : renforcer ce « bouclier thermique » par la végétalisation, levier naturel complémentaire contre la surchauffe.

Végétalisation : climatisation naturelle par évapotranspiration
Après avoir optimisé l’inertie thermique, la végétalisation s’impose comme la suite logique pour renforcer la lutte contre la surchauffe estivale en architecture bioclimatique.
Elle agit par le biais de l’évapotranspiration, véritable climatisation naturelle qui transforme l’eau évaporée par les plantes en un rafraîchissement mesurable de l’enveloppe bâtie.
Performances thermiques et bénéfices immédiats
En zone climatique H2-H3 (sud de la France), une toiture végétalisée bien conçue permet d’abaisser la température de surface de 8 à 12°C : une membrane classique atteint 40 à 45°C lors d’une canicule, quand une toiture plantée reste entre 28 et 32°C.
Ce différentiel thermique se traduit par un gain de confort d’été majeur dans les pièces sous toiture et une diminution des besoins en climatisation de 15 à 35 kWh/m²/an, soit jusqu’à 30-50 % d’économie sur la facture estivale.
Typologie des systèmes végétalisés
| Système végétalisé | Abaissement température surface | Confort intérieur | Maintenance annuelle | Apport biodiversité | Durée de vie |
|---|---|---|---|---|---|
| Toiture extensive | -8 à -10°C | Très bon | Légère (2-3 €/m²) | Modéré | 30 à 40 ans |
| Toiture intensive | -10 à -12°C | Excellente | Modérée (8-12 €/m²) | Élevé | 40 à 60 ans |
| Mur végétal extérieur | -5 à -8°C (façade) | Localisé | Élevée (15-25 €/m²) | Très élevé | 10 à 20 ans |
Source : CSTB, FFB végétalisation 2024
Retour sur investissement et critères d’entretien
Le coût d’investissement (de 60 €/m² pour l’extensive à 200-400 €/m² pour un mur végétal) est compensé par la réduction des consommations électriques et la valorisation immobilière du bâtiment.
Le ROI moyen en zone sud se situe entre 8 et 12 ans, notamment grâce aux aides (CEE, MaPrimeRénov’).
La maintenance est un critère déterminant pour garantir la performance :
- Toitures extensives : arrosage automatique et contrôle annuel (2-3 €/m²/an)
- Toitures intensives : taille régulière, remplacement végétaux, irrigation contrôlée (8-12 €/m²/an)
- Murs végétaux : suivi étroit, remplacement fréquent, arrosage et fertilisation (15-25 €/m²/an)
Un entretien adapté assure la longévité des systèmes, préserve la capacité de rafraîchissement et valorise durablement le patrimoine bâti.
La végétalisation complète les autres solutions passives, en agissant à la fois sur le confort thermique, la biodiversité urbaine et l’optimisation énergétique des bâtiments bioclimatiques.

Puits de lumière et effet cheminée : tirer parti du tirage thermique naturel
Après la végétalisation, qui agit comme une climatisation naturelle des surfaces, les puits de lumière et l’effet cheminée optimisent la ventilation verticale et le rafraîchissement des volumes.
Ces dispositifs s’appuient sur le tirage thermique : l’air chaud s’accumule en hauteur, créant un flux ascendant qui accélère l’extraction de l’air vicié et de la chaleur, tout en renouvelant l’air intérieur.
Résultat : un abaissement de la température perçue, sans aucune énergie mécanique.
Dimensionnement et recommandations techniques
La performance dépend directement du bon dimensionnement :
- Hauteur : au moins 2,5 à 3 m au-dessus du plancher principal
- Section : 2 à 5 % de la surface habitable du volume desservi
- Automatisation : capteurs de température et ouvrants motorisés optimisent le débit d’air en temps réel
| Paramètre | Recommandation | Impact sur ventilation |
|---|---|---|
| Hauteur du puits | ≥ 2,5 m | + Tirage, extraction rapide |
| Section en plancher | 2-5 % surface pièce | + Débit d’air renouvelé |
| Orientation (si latérale) | Sud-est / sud-ouest | + Apport lumière / chaleur |
| Protections solaires | Brise-soleil, stores | Limiter surchauffe |
| Automatisation | Capteurs + motorisation | Optimisation continue |
Source : CSTB, Guide bioclimatique 2023 ; Modélisations CFD (bureau d’études thermiques spécialisé)
Variantes d’application
- Lanterneaux motorisés avec capteurs thermiques : gestion automatique du tirage en fonction des conditions météo
- Puits canadien couplé à une cheminée solaire : effet combiné de rafraîchissement souterrain et d’extraction haute
- Conduits verticaux dans murs épais : technique issue de l’architecture vernaculaire, adaptée à l’habitat contemporain
Étude de cas : maison contemporaine dans l’Hérault (zone H3, climat méditerranéen)
En 2022, une maison bioclimatique équipée d’un puits de lumière central de 4,2 m de hauteur a été instrumentée lors d’une canicule.
Les modélisations CFD (bureau d’études thermiques spécialisé) ont mesuré une baisse de température de 2 à 3 °C supplémentaires par rapport à une ventilation horizontale seule, avec un maintien des températures intérieures sous les 28 °C, même lors de pics à 42 °C à l’extérieur.
Le couplage d’un puits de lumière et de l’effet cheminée s’impose ainsi comme une solution robuste et accessible pour renforcer la ventilation naturelle et améliorer la qualité de l’air en période de canicule.
Ce principe complète efficacement les autres stratégies passives détaillées dans cet article.

Cours intérieures et patios : microclimat rafraîchissant
Complémentaires aux puits de lumière qui optimisent les flux verticaux, les cours intérieures et patios s’imposent comme une solution emblématique de l’architecture bioclimatique méditerranéenne, aujourd’hui adaptée aux constructions contemporaines.
Leur efficacité repose sur la création d’un microclimat rafraîchissant grâce à l’association de végétation, de surfaces réfléchissantes, d’éléments d’eau et à l’effet cheminée inverse : l’air frais stocké au sol remonte lentement, chassant l’air chaud et stabilisant la température intérieure.
Le ratio largeur/hauteur des murs périphériques est déterminant pour maximiser l’ombre et la circulation d’air. Idéalement, on vise un ratio entre 1:1 et 1:2, et une surface de 15 à 25 % de la SHAB pour que le patio ait un impact tangible sur le confort estival.
| Paramètre | Recommandation | Impact sur le confort d’été |
|---|---|---|
| Largeur/Hauteur des murs | 1:1 à 1:2 | Ombrage, flux d’air, inertie |
| Surface / SHAB | 15–25 % | Microclimat, réduction température |
| Éléments d’eau | Bassin, fontaine, bassin sec | + Évapotranspiration, effet fraîcheur |
| Végétation | Arbres caducs, grimpantes | Ombrage adaptatif, humidité |
Source : CSTB, retour d’expérience climat méditerranéen 2023
Intégrés aux maisons contemporaines via verrières rétractables ou toitures ouvrantes, ces dispositifs s’adaptent désormais aux contraintes climatiques saisonnières, permettant d’ouvrir le volume aux brises en été et de le fermer en hiver pour préserver la chaleur.
Exemple concret : Maison patio à Nîmes
En 2023, une maison bioclimatique à Nîmes équipée d’un patio central de 22 m² (ratio 1:1, bassin, végétation) a maintenu une température intérieure inférieure de 6 °C à celle de l’extérieur lors d’une canicule à 41 °C.
Cette performance s’explique par la synergie entre ombrage, inertie thermique et évapotranspiration, confirmant le potentiel des cours intérieures pour lutter contre la surchauffe estivale.
L’intégration de patios ou de cours intérieures, bien dimensionnés, constitue ainsi un pilier de la conception passive et de l’architecture bioclimatique dans les régions exposées au stress thermique.
RE2020 évoluée (RE2025) et Indicateur DH : quand la réglementation valide la conception passive
Les 6 techniques passives détaillées (protection solaire, ventilation traversante, inertie thermique, végétalisation, puits de lumière, patios) trouvent aujourd’hui leur validation réglementaire avec l’évolution de la RE2020 (RE2025).
Désormais, tout projet neuf doit garantir le confort d’été en limitant les surchauffes, sous contrôle de l’indicateur DH – Degrés-Heures d’inconfort.
Comprendre l’indicateur DH
L’indicateur DH totalise, pour chaque heure, le dépassement de température intérieure au-delà de 26°C sur la période estivale, offrant un reflet précis du risque de surchauffe. La réglementation fixe deux seuils majeurs :
| Seuil | Valeur (DH) | Application |
|---|---|---|
| Seuil de confort | 350 DH | Exigence de conformité (toutes zones) |
| Seuil de non-conformité | 1250 DH | Interdiction du projet neuf |
Source : RE2020, Arrêté du 4 août 2021
Aucune modulation géographique officielle n’est appliquée : tous les bâtiments résidentiels sont soumis à ces mêmes valeurs, du nord au sud.
Outils de conception et solutions concrètes
L’atteinte du seuil de 350 DH repose sur l’intégration simultanée de :
- Protections solaires optimisées (casquettes, brise-soleil)
- Masse thermique élevée (murs, dalles)
- Ventilation naturelle performante (traversante, puits climatique, cheminée thermique)
- Végétalisation en toiture ou sur patios
- Automatisation des ouvertures (volets, capteurs)
La validation s’effectue via des logiciels de simulation thermique dynamique (TH-BCE, PHPP, DesignBuilder), indispensables pour dimensionner les stratégies passives et démontrer la conformité dès l’avant-projet.
Intégrer l’architecture bioclimatique dans la réponse à la RE2020/RE2025, c’est respecter la réglementation tout en offrant un bâtiment durable, valorisé et résilient face aux canicules de demain.

Architecture bioclimatique, la meilleure réponse à la canicule
Les 7 techniques passives détaillées dans cet article – orientation solaire, protections solaires, ventilation traversante, inertie thermique, végétalisation, puits de lumière, cours intérieures – composent la trame d’une architecture bioclimatique adaptée aux nouveaux défis climatiques.
Leur force ? Elles sont parfaitement combinables, chaque stratégie venant renforcer la suivante pour garantir un confort d’été durable et limiter drastiquement la dépendance à la climatisation.
Adopter une conception bioclimatique génère certes un surcoût initial estimé entre 8 % et 12 % du budget global, mais ce choix est vite compensé : l’optimisation des apports solaires, la régulation naturelle de la température et la réduction du recours à la climatisation permettent de réaliser jusqu’à 50 % d’économies sur les charges énergétiques d’été.
Ce différentiel se traduit en ROI concret pour le maître d’ouvrage, tout en augmentant la valeur patrimoniale et la résilience du bâti face aux canicules à venir.
Face à l’évolution de la réglementation et aux projections de +3°C d’ici 2050, ces techniques ne sont plus une option mais la nouvelle norme d’excellence pour tout projet architectural.
Pour aller plus loin et recevoir nos conseils pratiques, études de cas et outils de conception, abonnez-vous à notre newsletter et restez à la pointe de l’architecture bioclimatique !


FAQ – Architecture bioclimatique et confort d’été
Quelle est la meilleure orientation pour limiter la surchauffe en maison bioclimatique ?
Optimiser l’orientation consiste à privilégier de larges ouvertures au sud, protégées par des casquettes ou brise-soleil, et à limiter les vitrages à l’ouest et à l’est. Ce choix maximise les apports solaires en hiver tout en bloquant la surchauffe d’été et en facilitant la ventilation naturelle.
Qu’est-ce que le facteur de déphasage thermique et pourquoi est-il crucial en été ?
Le déphasage thermique correspond au temps nécessaire à la chaleur pour traverser un matériau. Un déphasage élevé (8 à 12 heures) retarde la progression de la chaleur et permet de profiter de la fraîcheur nocturne, un avantage essentiel pour le confort d’été sans climatisation.
Ventilation naturelle : quelle surface d’ouverture prévoir pour un bon effet traversant ?
Pour une ventilation traversante efficace, il est recommandé que la surface totale des ouvertures représente au moins 20 % de la surface habitable, idéalement répartie entre façades opposées et à différentes hauteurs.
Quels matériaux privilégier pour maximiser l’inertie thermique ?
Les matériaux à forte capacité thermique massique comme le béton, la pierre, la terre crue ou la brique pleine. Pour garantir un effet d’inertie optimal, il faut viser au moins 200 kg de masse lourde par mètre carré habitable (murs, dalles, cloisons).
Quels sont les avantages d’une toiture végétalisée en zone chaude ?
Une toiture végétalisée réduit la température de surface de 8 à 12 °C, améliore l’isolation, régule l’humidité et augmente la durée de vie de l’étanchéité. Le retour sur investissement se situe généralement entre 8 et 12 ans grâce aux économies réalisées sur la climatisation.
La RE2020 impose-t-elle un seuil de confort d’été ?
Oui : la réglementation RE2020 et la RE2025 imposent un seuil maximal de 350 DH (degrés-heures) par an pour le confort d’été dans toutes les zones climatiques. Au-delà de 1250 DH, le projet est non conforme et nécessite une révision de la conception.
Une maison bioclimatique est-elle forcément plus chère à construire ?
Le surcoût initial varie entre 8 et 12 % selon les techniques passives choisies, mais il est largement compensé par des économies sur la climatisation (jusqu’à (50 %) et par une meilleure valorisation immobilière du bien.
Sources
- Rafraîchir les bâtiments sans climatisation (Ordre des Architectes)
- Contre la canicule, l’habitat bioclimatique (Reporterre)
- Surchauffe d’été : qui cuit en Bâtiment Passif ? (Construction 21)
- Canicules, vagues de chaleur et changement climatique : comment l’architecture peut s’adapter ? (Serero Architectes)
- Construction passive : architecture bioclimatique (Green Design Consulting)

Pierre Chatelot est rédacteur en chef de ConstructionDurable.net, média dédié à la construction écologique et à l’habitat bas carbone. Diplômé en Aménagement du Territoire (Paris 1 Sorbonne), il a travaillé plus de 10 ans dans l’immobilier et le logement social, notamment comme directeur du développement d’un promoteur (150 logements livrés).
Spécialiste des matériaux biosourcés, de l’habitat léger et des énergies renouvelables, il a publié plus de 100 articles, lus par 50 000 lecteurs.